La terre des morts

J’entends une publicité sur “France inter”, radio publique donc radio commune. (Si j’en crois la nouvelle idéologie des biens communs) :
                               Jamais un polar ne vous aura autant torturé de plaisirs
Il s’agit de la dernière œuvre de Jean-Christophe Grangé, «La terre des morts».
                                Avec son nouveau polar « La Terre des morts », Jean-Christophe Grangé frappe fort et entraîne le lecteur dans les bas-fonds de la nature humaine. Le commandant Stéphane Corso se retrouve chargé d’une enquête particulièrement sordide. Autour de meurtres crapuleux de strip-teaseuses, nous voilà plongés dans les méandres du porno d’une rare violence, celui où les limites n’existent pas et où toutes les déviances sont possibles. http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/la-terre-des-morts-jean-christophe-grange-de-plus-en-plus-noir-03-05-2018-7695504.php

Je vais tenter de rester simple et calme :

– Cette « littérature » du toujours plus éveille en chacun de nous la part de monstruosité que la civilisation et la culture ont mis des milliers d’années à juguler.

– L’extension infinie de la sphère du commerce exige maintenant que l’on se plie à toutes ces perversions à condition que l’on paie son livre, sa place de cinéma, sa redevance télé…

– Il y a un écho étrange entre nos indignations devant les faits divers les plus glauques, les plus sordides et les plus monstrueux, et cet engouement pour le « encore plus » de la littérature policière en générale et du noir en particulier.

– Nous traversons une période historique dramatique ou la violence sociale, politique, économique se généralise et où la radicalité s’installe : fondamentalisme, nationalismes, fascisme, racisme, haines de toutes sortes. La liberté de l’internet qui permet les diffusions de toutes les pires idéologies fonctionne à plein rendement. Ce n’est pas un hasard si le monstre collectif qui s’éveille ainsi sous nos yeux se nourrit de toutes ces parts d’ombres individuelles que la littérature « noire » caresse dans le sens du poil.

– Trente secondes de publicité à France Inter entre 7h30 et 8h coûte 12 700 € HT (http://www.radiofrancepub.com/wp-content/uploads/2018/05/Tarif-National-Mai-2018.pdf) C’est donc avec des publicités telles que:
                          Il force des prostituées à se donner la mort elles-mêmes
que la radio « publique » va survivre…

Pour la dignité de toutes et tous et y compris des prostitués, je préfère me torcher avec le nouveau “livre” de Granger.

Caillou, le 1er juin 2018

9 réflexions au sujet de « La terre des morts »

  1. Oui Marc, la violence est bien une des dynamiques de la vie, et notre “civilisation et culture” comme tu dis ne l’a jamais jugulée, car c’est impossible, mais l’a forclose en faisant comme si notre brillante raison était plus forte que notre ombre. C’est l’escroquerie des lumières, qui instaure un clergé rationaliste, certes à la place de l’ancien clergé obscurantiste, mais qui reste un clergé auquel nous déléguons ce que nous sommes trop négligents ou craintifs pour aller voir par nous même, et qui instaure donc un nouvel obscurantisme. Cette “prudence” devant l’ambivalence du sacré n’est pas forcément si condamnable, mais il ne faut pas s’étonner que le consumérisme béat en fasse un marché, aussi pourri soit-il. Et tu as bien raison de cracher dessus !

    1. Pas d’accord du tout avec toi sur la philosophie des Lumières.
      Les Lumières ont été un progrès dans la pensée humaine. On peut en critiquer certes aspects mais les traiter “d’escroquerie” c’est rallier le camp d’en face. Il faut faire attention avec les termes qu’on utilise.
      Caillou, “Ni Dieu ni Maître”

  2. Bonjour Marc,
    Même chose sur France Culture, et j’ai moi aussi été choquée, ce qui m’arrive plutôt rarement !!!
    La bise à l’occasion 😉
    Christine

  3. je ne crois pas hélas que ” la civilisation et la culture “ont jugulé la monstruosité elle est bien là avec une prostitution bien réelle et une pornographie de plus en plus violente et surtout accessible aux gamins des leur entrée au collège (11 ans)via leurs portables
    les rapports filles – garçons sont détestables . il reste encore à apprendre la liberté conjuguée avec le respect et la tendresse … on en est loin . Notre société est d’une violence inouïe sur tous les plans , éco, social, politique et bien sûr culturel c’est le reflet peut être que le livre dont tu parles est dans ce registre
    J’avoue que je me fais beaucoup de soucis pour mes deux petites filles

  4. J’adhère cent pour cent à ce que tu dis. Ces” succès”, les gens sont souvent prêts à les payer très cher…alors que des artistes de grand art peinent à trouver du travail et sont sous-payés quand ils trouvent du boulot. Je pense en particulier à mes ami(e)s circassiens qui expriment si clairement ce qu’est la vie, avec ses bonheurs, ses malheurs, ses joies et ses tristesses, souvent sans paroles, mais avec la force de l’expression de leur corps, reflet de ce qu’ils sont et de ce qu’ils découvrent autour d’eux et dans le monde.
    Je suis aussi très choquée de ces succès faciles qui font appel aux aspects les plus sordides de l’humain…Merci Caillou de le dire sur ton blog. Gaby

  5. Bien vu, Marc.
    Le plus troublant étant la publicité faite à cette “litté-rature” par le service public. Se repose la question de l’œuf et la poule : la société engendre-t-elle ces perversions, ou l’inverse? (je pense au cinéma réaliste de l’entre deux guerres notamment)
    Sur le fond, légendes ou même contes pour enfants n’ont-ils pas souvent joué aussi avec nos instincts ?
    Autre question : la liberté d’expression ou -ici- le talent, justifient-t-il tout excès ? Je ne connais pas ce Grangé, mais que penser par exemple de l’influence d’un Céline, génie malfaisant ? Et, plus trivialement, où est la frontière entre érotisme et pornographie?

  6. Ça me rappelle qu’un jour j’etai Tellement dégoûtée par un livre qui se disait être un polar que j’ai eu envie de le remettre sur le rayon ..eh oui à ombres blanches avec un commentaire
    Finalement je l’ai mis à la poubelle

  7. Juste une date, la plus proche pour me signifier à vous, Yves Buisson m’a donné votre contact, alors voilà, je vous invite sur mon site et peut-être autres échanges après lecture

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