Depuis qu’il est officiellement sorti du coma, l’état de Serge progresse lentement mais assez régulièrement. Il est encore pas mal confus, parle peu mais un peu plus clairement chaque jour ; il répond à des questions, nous reconnaît à la voix, râle sur son inconfort et son manque de nourriture.
Il devrait bientôt sortir du service de réanimation pour entrer dans celui de soins continus, puis aller dans celui de rééducation (le problème étant de lui trouver une place).
Nous n’avons aucune nouvelle de l’enquête conduite par l’IGGN suite à notre plainte pour tentative de meurtre et entrave volontaire à l’arrivée des secours, mais on s’y attendait…
De nombreuses actions de solidarité (envers tous les blessés) ont eu lieu un peu partout en France, et même dans d’autres pays (Grèce, Espagne, Brésil, Mexique, Italie, Belgique…), bien au-delà de la mouvance politique de Serge – par exemple venant de ses collègues accompagnateurs de montagne.
Nous organisons samedi prochain à Poitiers un Forum des luttes et des livres anticapitalistes. Nous pensons en effet qu’il est nécessaire de se sortir de la stricte antirépression pour replacer les événements de Sainte-Soline dans le cadre des luttes actuelles et de leur répression y compris sur les lieux de travail, trop souvent oubliés.
Merci encore pour votre soutien qui nous aide beaucoup.
Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir. Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.
Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge. Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas. A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre. Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.
Les parents de Serge,
le 26 avril 2023
Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.
4 avril 2023
Communiqué des parents de Serge.
Cela fait maintenant 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu’il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé.
Nous et sa compagne remercions toutes les personnes (camarades, proches et anonymes) qui ont manifesté leur soutien et leur solidarité envers lui.
Nous remercions les dizaines de milliers de camarades qui se sont exprimés dans la rue, devant les préfectures et ailleurs, le jeudi 30 mars, contre l’ordre policier installé en France.
Nous remercions tous ceux et celles qui ont porté assistance aux blessés pendant la manifestation, ou qui ont apporté leur témoignage concernant la répression à Sainte-Soline, en particulier par rapport à Mickaël et à Serge.
Nous remercions enfin l’équipe médicale qui est à leurs côtés afin de les aider à se battre pour vivre.
Ce combat pour la vie, Serge le mène avec la même force que celle qu’il met à combattre un ordre social dont la seule finalité est de maintenir la main de fer de la bourgeoisie sur les exploités.
Soyons solidaires de tout ce que Darmanin veut éradiquer, dissoudre, enfermer, mutiler – du mouvement des retraites aux comités antirépression, des futures ZAD au mouvement des blocages. Le terrorisme et la violence sont chaque jour du côté de l’Etat, pas de celles et ceux qui manifestent leur rejet d’un ordre destructeur.
Les parents de Serge
Le 4 avril 2023
Merci de diffuser le plus largement possible ce communiqué.
Mercredi 29 mars 2023
Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un « pronostic vital engagé », suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.
Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.
Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :
– Oui, Serge est fiché « S » – comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
– Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
– Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.
Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.
Les parents de Serge
Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline
Samedi 25 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.
Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.
Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.
Vive la révolution.
Des camarades de S.
PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations
Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.
…
Article paru dans le journal le Monde du 28 mars:
Sainte-Soline :
l’enregistrement qui prouve que le SAMU n’a pas eu le droit d’intervenir.
Alors qu’une polémique s’est installée sur la possibilité de secourir les blessés lors de la manifestation contre la mégabassine, samedi 28 mars, une équipe de la Ligue des droits de l’homme a eu, en direct, confirmation que les forces de l’ordre interdisaient au SAMU d’intervenir. « Le Monde » a eu connaissance de cette conversation téléphonique.
Par Franck Johannès
Les secours n’ont pas été empêchés d’accéder au site de Sainte-Soline lors de la manifestation contre la mégabassine du samedi 25 mars, a affirmé Farnam Faranpour, le chef du pôle des urgences de Niort, dans les Deux-Sèvres. Il a en revanche reconnu qu’il y avait eu des difficultés pour accéder aux blessés les plus graves, notamment aux deux jeunes gens entre la vie et la mort.
« Pour ce jeune homme gravement blessé, il y a eu un premier appel aux pompiers qui sont partis, mais la géolocalisation n’a pas permis de trouver le lieu, a expliqué l’urgentiste à France 3 Nouvelle-Aquitaine, mardi 28 mars. Donc, nous avons attendu d’autres appels pour préciser le lieu et nous avons finalement envoyé le SMUR de Ruffec qui était le plus proche des lieux. » Mais quand l’équipe est arrivée, elle a été arrêtée par des manifestants blessés qui avaient besoin de soins.
La Ligue des droits de l’homme (LDH) et plusieurs associations estiment, au contraire, que les forces de l’ordre ont interdit au SAMU 79 de se rendre sur le terrain de la manifestation, et disposent d’un enregistrement téléphonique qui semble l’établir. La LDH avait envoyé samedi six équipes de trois observateurs sur le terrain, en liaison avec quatre autres personnes, restées en appui dans une salle, dans la commune de Melle (Deux-Sèvres). Parmi eux, trois avocats, Sarah Hunet-Ciclaire, Chloé Saynac et Pierre-Antoine Cazau, ainsi qu’un médecin Jérémie F., généraliste en centre de santé, qui ne souhaite pas donner son nom.
« Pas opportun »
C’est dans cette salle qu’a été enregistrée, par la LDH, la conversation de 7 minutes 30 avec le SAMU, que Le Monde a pu consulter. Le téléphone du médecin sonne constamment, les équipes sur place lui signalent ici une plaie cervicale, là une mâchoire fracassée ou une fracture ouverte ; et il est convenu qu’il peut servir de coordinateur. Il a déjà appelé le médecin régulateur du SAMU, d’abord pour réclamer un hélicoptère, ensuite parce que les observateurs de la LDH lui ont dit que les secours n’arrivaient pas, et qu’il y avait au moins un blessé dont le pronostic vital était engagé.
Il est 14 h 50 lorsque le docteur F. rappelle les pompiers.
« − Un pompier : Je viens d’avoir le SAMU sur place qui me dit, on n’envoie personne sur place, le point de regroupement des victimes est à l’église de Sainte-Soline, une fois qu’ils seront là-bas, l’engagement des moyens sera décidé.
− Le médecin : Ecoutez, je pense que c’est une, que ce n’est pas, enfin, je pense que ce n’est pas opportun comme décision.
− Le pompier : Alors moi je suis ni décideur, ni…
− Le médecin : Attendez, attendez. Mais moi je vais vous expliquer. Moi, je suis médecin et en fait, là, il y a des observateurs de la LDH, la Ligue des droits de l’homme qui sont sur place, qui disent que c’est calme depuis une demi-heure. Donc en fait, vous pouvez intervenir et moi, mon évaluation à distance avec des éléments parcellaires que j’ai, c’est qu’il faut une évacuation immédiate.
− Le pompier : Je vais vous repasser le SAMU. Ne quittez pas. (…)
− Le SAMU : Allo, oui le SAMU, bonjour.
− Le médecin : Oui, c’est vous que j’ai eu tout à l’heure au téléphone ?
− Le SAMU : Oui.
− Le médecin : Super. Vous en êtes où, là, de la plus grosse urgence absolue de ce que j’ai comme impression, moi, de loin ?
− Le SAMU : Alors déjà le problème, c’est que vous n’êtes pas sur place, donc c’est un peu compliqué. On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de SMUR sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre.
− Le médecin : OK, est-ce que… Alors moi je suis avec des observateurs de la Ligue des droits de l’homme qui disent que leurs observateurs sur place disent que c’est calme depuis trente minutes et qu’il est possible d’intervenir?
− Le SAMU : Je suis d’accord avec vous, vous n’êtes pas le premier à nous le dire. Le problème, c’est que c’est à l’appréciation des forces de l’ordre dès qu’on est sous un commandement, qui n’est pas nous.
− Le médecin : D’accord.
− Le SAMU : Donc, pour l’instant, on attend de rassembler les victimes au niveau de l’église de Sainte-Soline, c’est ce qui est en train d’être fait, avec des moyens pompiers qui se déplacent sur site pour prendre en charge et ramener. Pour l’instant, pas de moyens de SMUR ou d’hélico qui peuvent se pointer sur place.
− Le médecin : La LDH me dit qu’il y a des médecins militaires qui viennent d’arriver sur place. Est-ce que vous avez cette information vous aussi ou pas ?
− Le SAMU : Les médecins militaires, ils sont là pour les forces de l’ordre. C’est leur service de médecine pour les forces de l’ordre.
− Le médecin : La Ligue des droits de l’homme a demandé s’il y avait un contact au niveau du commandement à transmettre pour qu’on puisse intervenir ?
− Le SAMU : Négatif, négatif.
− Le médecin : Est-ce que vous voulez que je vous passe la Ligue des droits de l’homme ?
− Le SAMU : Non plus. On gère les victimes pour l’instant et les secours, j’aurais pas le temps d’aller…
« On n’a pas l’autorisation »
− Le médecin : D’accord, d’accord, je veux juste faire accélérer le truc.
− Le SAMU : Il faut qu’ils fassent le point, dans ce cas il faut qu’ils contactent la préfecture.
− L’avocate de la LDH Chloé Saynac : Vous avez interdiction d’intervenir ? Vous confirmez que vous avez interdiction d’intervenir ?
− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation d’envoyer des secours sur place, parce que c’est considéré comme étant dangereux sur place.
− L’avocate : Et si vous n’y allez pas, ce ne serait pas une non-assistance à personne en danger ?
− Le SAMU : Nous devons avoir nos secours en sécurité également, malheureusement on n’a pas l’autorisation de les envoyer comme ça.
− L’avocate : Vous n’avez pas l’autorisation des forces de l’ordre ? Ou de ?
− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation de toutes les institutions sur place, pour l’instant, on est sous leur commandement.
− L’avocate : Quelles institutions du coup ? On a besoin d’analyser très clairement parce qu’il y a quelqu’un qui peut décéder, donc pour que les responsabilités soient établies on a besoin de savoir.
− Le SAMU : On fait au mieux, mais malheureusement, il y en a d’autres…
− L’avocate : Qui interdit l’accès à ces personnes en danger grave, vital ?
− Le médecin : Et donc vous confirmez que c’est la préfecture qui a interdit l’accès ? C’est ça, en fait ?
− Le SAMU : Non, c’est pas la préfecture qui interdit l’accès, je vous dis que c’est le commandement sur place.
« On ne peut pas faire plus »
− Le médecin : OK. Comment on fait pour contacter le commandement sur place ?
− Le SAMU : Ben, il faut passer par la préfecture. Je ne peux pas vous les passer directement.
− Le médecin : OK. Est-ce qu’on peut faire le 17 ? On peut avoir le commandement sur place ? Vous croyez ?
− L’avocate : Et c’est quoi, vous, votre contact avec eux ?
− Le SAMU : Nous, malheureusement, le SAMU, on est juste là, en fait on nous demande d’envoyer des moyens qu’on envoie àdes points donnés, on ne peut pas faire plus.
− L’avocate : Je sais bien, je comprends, mais on essaie de vous permettre de travailler là, parce que vous êtes empêchés de travailler.
– Le SAMU : Oui, oui, mais du coup, on monopolise une ligne une urgence. Merci beaucoup, au revoir. »
Le SAMU 79 a indiqué sur Twitter : « La justice fera son travail, et nous nous mettrons à leur disposition pour leur donner l’ensemble des informations nécessaires comme nous le faisons dans chaque enquête. »
Une rumba Un blues pour rien Banlieue rouge Un blues lent Gardens Button’s Party A tous ceux Carole Un reggae gai
et Johny s’en va t’en guerre
Il a été enregistré dans le studio (improvisé) de Michel, au Fousseret.
En mai 2000 nous commençons à répéter dans les locaux syndicaux du Pigeonnier de la Cépière. Nous sommes alors une émanation des syndicats Sud, et notre nom est The group of the Ten, (le groupe des 10), ancien nom des syndicats Solidaires. Le 27 mai 2000 on joue à la fête du Sud PTT le blues lent puis on change de nom, on devient La teigne et on joue dans plusieurs réunions et manifestations. En particulier le 1ermai 2002 où nous jouons (du Ska) à la manif anti-Le Pen entre les deux tours des élections. On sort le premier CD Dans les rues en 2005. Nous sommes alors cinq : Gilles aux djembés, Jean à la batterie, Marc au chant, Michel à la guitare, Robert à la guitare et au chant, et Yves à la basse et au chant.
Robert, Jean, Michel et Marc
La rumba
C’est par une nuit comme ça
Par une nuit d’été
qu’on peut se demander
pourquoi qu’on est parti
à l’autre bout du monde
faire les cons à la ronde
et si loin du pays
pourquoi? pourquoi? pourquoi?
C’est par une nuit comme ça
Qu’on se demande pourquoi
les filles blanches ne dansent pas
ne dansent pas avec moi
pourquoi qu’elles ne veulent pas?
quand on est noir comme moi?
pourquoi? pourquoi? pourquoi?
Est ce que je suis bizarre
Ridicule ? Étranger ?
ou est ce que je suis noir?
noir comme la nuit?
noir comme la nuit sans espoir
Et pourquoi à l’entrée
de cette discothèque
il y a ce noir tout sec
ce grand balezze tout black
qui me refuse l’entrée
qui veut me foutre des claques?
Pourquoi tous les gens font
comme s’ils ne voyaient rien
Est-ce parce que suis noir
que je montre le poing
Est-ce que je vous fais peur ?
Est-ce que j’nai pas d’papiers?
ou est ce que je suis noir?
dans la nuit sans espoir
Pourtant vous voulez bien
qu’j’travaille sur vos chantiers
en étant mal payé
dans l’insécurité
Pourtant vous voulez bien
que j’construise vot pays
si je m’en vais au loin
quand il sera fini
Robert
Un blues pour rien
J’avais beau dir’, beau faire
Pas rond qu’elle tourn’ la terre,
Y’a qu’mon lit qui s’bouge
L’cœur qui s’est fait la paire
J’métais mis plus que minable
L’automne, la têt’ sur la table
Pleins de nuages sur le front
Une vie en vrac, sans jamais l’rond
Elle m’a dit « y faut t’secouer »
Encore l’allonger ton pas,
Voir en face ce qui n’va pas.
Un aut’ verr’ j’me suis versé
Refrain
Demain, ça ira mieux c’est sûr
Just’ l’angoisse qui s’met en route
J’ai malgré tout un gros dout’
Un nœud au ventr’, rien qui dur’
Elle a poussé loin la porte
Et maint’nant j’me retrouve en short
Elle a mis l’cap sur la mer
Y’m’reste plus qu’à changer d’air
Marc
Banlieue rouge
Dans la banlieue rouge
j’ai appris à rêver
j’y avais mes copains
mais ils se sont cassés.
Sarcelles n’a plus d’ailes
et Bobigny se meurt
c’est à Maisons-Alfort
que j’ai perdu l’honneur
Il y avait des filles
elles avaient des corsages
et notre seule envie
c’était de leur ôter
il y’avait un curé
qui nous f’sait rigoler
maintenant qu’il est parti
il n’y a plus qu’la télé
Refrain
Mais dans ma banlieue grise
les jeunes se font chier
dans les cages d’escalier
ils ne font que glander
dehors il fait si froid
dedans ça gueule trop fort
ils ne peuvent plus rêver
leur avenir est bouché
Refrain
dans ma banlieue folle
ils braquent les mémés
ils violent dans les sous-sols
ils dealent pour les camés
Et dans ma banlieue noire
il n’y a plus d’espoir
y’a que les bulletins d’vote
de ceux qui vont voter
Refrain
car dans ma banlieue noire
Le Pen est arrivé
Puis Sarko, ses condés
y’a plus personne le soir
dans ma banlieue rouge
il n’y a plus rien qui bouge
car même les staliniens
leur ont fait le chemin.
Gilles, Michel, Robert et Marc
Un blues lent
Je me suis réveillé ce matin là
elle n’était plus là.
J’étais seul au plumard
où pourtant la veille au soir…
elle avait crié comme une folle que
j’étais son idole.
J’ai été bosser sans avoir rien bouffé,
l’frigo est ruiné.
Dans l’usine y’avait qu’moi,
j’ai pas compris pourquoi.
Les gros bras m’sont tombé d’ssus
du boulot j’en avais plus.
Les copains rassemblés
dans le froid de l’entrée
m’ont prévenu que l’patron
s’était tiré en avion
en emportant la paye du moi
j’avais plus un radis d’vant moi.
D’vant chez moi y’avait l’huissier
ils ont tout emporté.
L’proprio m’a claqué
la porte sur le nez
et maintenant j’suis à la rue
j’ai même pas pris mon pardessus.
C’est pourquoi j’tends la main
sur ce coin de trottoir
En chantant dans le noir
ce blues sans espoir
en attendant que j’me réveille
dans mon plumard avec ma belle.
Yves
Gardens Button’s Party
Gilles
À tous ceux
À tous ceux qui ne veulent pas crever
et qui essaient d’organiser
des contre-feux, des résistances
contre les fachos qui s’avancent.
À tous ceux qui ne veulent pas revoir
ceux qui ont gâché leurs espoirs
les politiciens corrompus
aux idées neuves mais qui puent.
À tous ceux qui luttent debout
et qui surtout poussent à la roue
un monde qui veut les enfermer
dans les ghettos et leurs camés.
À tous ceux qui lèvent leur verre
pour une vie plus solidaire
dans tous les repas de quartier
avec leurs voisins de palier.
À tous ceux qui n’aiment pas leurs parents
et qui pourtant leur sucent le sang
À tous ceux qui tuent père et mère
pour s’enfiler des drogues amères.
À tous ceux qui conduisent des voitures folles
et qui se pètent la gueule, fauchant toute une école
À tous ceux qui ne veulent plus d’amour
et qui pourtant pleurent tous les jours.
À tous ceux qui ne veulent plus prendre la mer
À tous ceux qui n’osent plus changer d’air
qui restent coincés dans leur appartement
bourrés d’ennui et de tranquillisants.
À tous ceux qui regardent Loft Story
en laissant filer toute leur vie
à ceux qui bossent trop, ou pas assez
et qui voudraient pouvoir laisser tomber.
À tous ceux qui sont déjà morts
et que pourtant nous aimions fort
qui ont leurs traces dans nos liens
les pavés sur notre chemin
À tous les révoltés du monde
qui sont en train de le refondrent
à ceux qui sont en mouvement
qui vont hurler contre le vent.
Et à tous ceux qui vont survivre
mélange issus de tous les livres
métis de toutes nos cultures
qui vivront sur une terre mure
Nous disons quel est notre camp
nous battons les rassemblements
nous voudrions que les mots nous servent
que le futur ne soit plus rêve
mais qu’il devienne réalité
Carole
Marc, Michel, Robert et Jean
Un reggae gai
Dans les rues
j’ai croisé, j’ai croisé
le regard des exclus
que tout l’monde ignorait
Dans les rues
j’ai crié, j’ai crié
que l’on en pouvait plus
qu’il fallait tout changer
Dans les rues
j’ai cherché, j’ai cherché
les puissants, les dodus
qui nous font tous suer
Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer
Dans les rues
nous étions des milliers,
décidés, convaincus
à ne plus reculer
Dans les rues
j’ai chanté, j’ai chanté,
quand on a enfin vu
leur État s’effondrer
Dans les rues
j’ai dansé, j’ai dansé
sur les pavés des rues
l’avenir était gai!
Johny s’en va t’en guerre
Je suis parti d’chez moi
après les attentats
nous étions des milliers
à vouloir nous venger
je suis américain
et du côté du bien.
Casqué, botté, sanglé
formé et déformé
ils m’ont bourré le crâne
je n’suis plus qu’un organe
dans un bel uniforme
j’étais vraiment un homme.
L’juteux m’a fait monter
dans un grand bombardier.
On a volé longtemps
avant de voir des gens
qui courraient en hurlant
déjà couverts de sang
On me l’avait bien dit
c’était tous des bandits
qui tombaient déchiquetés
morceaux éparpillés
tout filait tout en dessous
et nous étions les loups
C’était comme la télé
quand le son est coupé.
j’ai pas vu d’taliban
mais des femmes, des enfants
et nous leur faisions don
d’bombes à fragmentation.
Le pilote s’est gouré
il a mal calculé
bourré d’amphétamines
il a scratché la machine
et on est tombé de haut
le nez dans le capot
Je n’me souviens plus de rien
je suis mort en ricain.
Je suis revenu chez moi
juste entouré d’un drap
on m’a foutu en terre
sur un air militaire.
Le clairon, le drapeau
et le soleil là-haut
dans l’ pays Wyoming
ma croix sur la colline
et mon père et ma mère
seuls pour la vie entière.
Et c’est sur que là bas
il y a un mort comme moi
un jeune enturbanné
soldat fanatisé
je suis mort pour l’pognon
lui pour une religion…
Lu dans le journal « la Dépêche de Toulouse » le 31 octobre 2021: Sous le titre Toulouse : l’impossible bataille contre la prostitution
On trouve 2 pages avec des témoignages des riverains et des plans des rues interdites par un arrêté municipal qui date de plusieurs années. La prostitution est interdite dans certaines rues. Mais cette interdiction municipale vise en premier lieu les victimes et pas vraiment les clients. Ce qui est clairement dit dans l’interview du policier municipal.
Je viens de terminer la lecture du livre de Nedjib Sidi Moussa: « La fabrique du Musulman ».
Livre passionnant que je recommande particulièrement à tous les excitéEs « en lutte contre l’islamophobie » qui en oublient de dénoncer l’islamisme politique au point d’en devenir les idiots utiles.
Sur son site https://sinedjib.com
j’ai trouvé une référence passionnante à une mémoire oubliée, celles des opposants au colonialisme français qui, dès aout 1945, dénoncèrent les massacres de Setif et Guelma.
Le 8 mai cela fait 77 ans.
Merci à Nedjib et à l’association RADAR http://www.association-radar.org qui témoigne de cette mémoire… Ohé Partisans c’est un journal du Parti communiste Internationaliste, donc un groupe de trotskystes antifascistes… Le texte est en dessous.
PLUTÔT MOURIR DEBOUT QUE DE VIVRE À GENOUX
Oradour-sur-Glane en Algérie La vérité sur le drame d’Afrique du Nord
Une censure sournoise et une presse bien sage : voilà pourquoi si peu de gens ont une idée précise des événements qui ont ensanglanté l’Algérie. La situation
Les populations d’Afrique du Nord n’ont jamais connu les bienfaits de la colonisation ».
La richesse des gros colons, et des industriels a été faite de la sueur et du sang des esclaves coloniaux. Depuis la guerre, une famine effroyable a augmenté terriblement la mortalité. En Algérie, les deux tiers des enfants indigènes meurent avant l’âge de deux ans. Dans certaines régions, les Algériens ont pour toute nourriture 120 grammes de grain par jour. Des milliers d’Arabes vivent dans des loques et à peu près nus. Multipliez par dix les restrictions que nous connaissons ici, et par vingt la pourriture vichyssoise : vous avez la situation en Afrique du Nord. La colère des masses en est multipliée d’autant. Les partis algériens Par leur politique de soutien du gouvernement, les Partis Ouvriers français ont perdu une grande partie de leur influence. Les Algériens réalisent nettement que les paroles du P. S. et du P. C. F. contre les gros colons ne sont que de la démagogie. Il est évident que les colons ne pourraient exploiter longtemps le peuple algérien s’ils n’avaient pour les soutenir, les baïonnettes du gouvernement « démocratique » auquel participent le P. S. et le P. C. F.
Ce sont donc les Partis Nationalistes Algériens qui bénéficient de la confiance des masses populaires.
Le Parti du Peuple Algérien (P. P. A.) qu’une certaine presse hypocrite a tenté de confondre avec le P. P. F. Inutile de dire qu’il n’y a rien de commun.
Le chef du P. P. A. : Messali Hadj, fut emprisonné sous le gouvernement de Daladier puis sous celui de Pétain et enfin sous le gouvernement actuel. Le deuxième parti est « le mouvement des amis du manifeste », de Ferrat Abbas. Devant la poussée des masses laborieuses, la bourgeoisie ne pouvait freiner le mouvement par des appels au calme de chefs ouvriers traîtres (à la mode de chez nous), ces derniers n’ayant plus de crédit en Algérie. Pour briser les reins au mouvement d’émancipation, elle prépara une monstrueuse provocation. La préparation du massacre fut l’œuvre des colons fascistes et de l’administration algérienne. (Cela, toute la presse de gauche l’a reconnu en France.) Mais la complicité du gouvernement (sur laquelle la presse se tait) ressort des faits qui suivent. Le drame Le 8 mai, le drame éclate à Sétif. Une manifestation indigène avait lieu. Une foule de plusieurs milliers de Nord-Africains défilent avec des banderoles : « Vive l’Algérie Indépendante » ! « Libérez Messali Hadj » !
La police intervient. La foule refuse de retirer les mots d’ordre. Un commissaire de police sort son revolver et tire sur les manifestants. Plusieurs s’écroulent ; la foule se disperse. Alors, un groupe d’indigènes parcourt la ville en tuant un certain nombre de personnes.
En tout, 102 morts, d’après les chiffres officiels.
Le prétexte est fourni à une répression sauvage et l’État français se garde bien naturellement d’inquiéter les fomentateurs de la provocation. (Suite page 8.)
Au contraire, la répression est organisée contre la population indigène. Les Versaillais ont fait des petits ! La loi martiale est décrétée à Sétif. Il est interdit aux indigènes de sortir de chez eux s’ils ne sont pas munis d’un brassard spécial indiquant qu’ils se rendent au travail. Tout musulman vu sans brassard est tué sans avertissement.
En pleine ville de Sétif, dans un square, un gamin qui cueillait des fleurs est tué par un sergent. Dans la région de Sétif, la répression est faite par la Légion étrangère et les Sénégalais qui massacrent, violent, pillent les demeures des indigènes et incendient.
La marine dépêche le Duguay-Trouin de Bône. Il bombarde les environs de Kerrata. M. Tillon a demandé aux ouvriers de travailler à construire une forte aviation. Fort bien, les fascistes algériens savent utiliser cette aviation pour semer la mort dans les villages indigènes. Elle bombarde et mitraille toute la région au Nord de Sétif qui est aujourd’hui partiellement un désert (presse démocrate d’Algérie). Le massacre atteint son comble.
A Guelma. La presse pétainiste a fait du beau travail et suscité une véritable folie raciste dans la population européenne, à telle point que la répression est dirigée par des éléments de la France Combattante et même du Parti Communiste local !
Le II et le 12 mai, selon l’aveu du sous-préfet Achiary, les officiers français font fusiller 300 (trois cent) jeunes musulmans (6 à 600 selon d’autres témoignages) … Les voilà bien les officiers vichystes (qui ne demandaient qu’à se racheter)
Partout le carnage continue, et à Taher, à la sortie d’une conférence faite par M. Lestrade-Carbonel, préfet de Constantine, plusieurs Vichystes notoires peuvent dire : (c’est un jour de victoire pour nous !), En effet.
En France, les gardes civiques du peuple n’existent plus, mais en Afrique du Nord la réaction constitue une « Garde civique » à elle, dans laquelle ce sont les anciens membres du S.O.I de Darnand qui occupent les principaux postes de commandement.
Des militants communistes qui s’étaient élevés contre la tuerie sont frappés par des naphtalineux. Certains militants disparaissent même mystérieusement.
A Djidjelli, les 9, 10 et 11 mai, l’armée pille les quartiers indigènes. La fédération des syndicats confédérés proteste et demande à être reçue par le préfet qui refuse en répondant à la manière de Goering : « L’armée fait son devoir » ! La manœuvre classique Bien entendu, la réaction essaie de brouiller les cartes selon le procédé classique. Elle déclare que c’est la main de l’Allemagne qui est derrière tout cela.
C’est là un procédé qui prend avec les niais qui oublient que c’est le capital qui a fait Hitler et non Hitler qui a fait le capitalisme.
A la mairie de Douera, lors d’une réunion des maires du Sahel, un certain M. Dromigny applaudit le nom du Général de Gaulle, puis fait une diatribe contre la « propagande allemande » … et enfin réclame le maintien de la Loi Martiale et de la répression contre les indigènes.
Or, ce M. Dromigny était, avant-guerre le représentant en Algérie du Fasciste Dorgères ! Bilan de la répression
« Quelques centaines de victimes »
C’est faux !
Alors M. Tixier-Stulpnagel lâche du lest…
« Douze cents Algériens tués »
C’est faux I
Les culottes de peau chargées de la répression avouent huit mille morts !
Le consul américain d’Alger déclare 35.000 victimes indigènes.
« L’ordre règne en Algérie « !
Sur les Champs-Élysées, la foule applaudit les SS de la Légion en képi blanc. (Ce sont de vrais soldats, ma chère). Comme tout devient clair dans le « problème allemand » …
Et là-bas dans les ruines d’un village, un vieil Arabe parle à ses enfants du « peuple des Seigneurs »
Nous ressentons une grande honte en songeant à cela, nous qui avons lutté pendant quatre ans contre l’oppression. Non ! camarades algériens, nous ne voulons pas être complices du gouvernement bourgeois et de ses tueurs !
Vive la lutte du peuple algérien pour son indépendance !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Hommage aux insurgé.e.s du Ghetto de Varsovie 18 avril 2021, 14h, Place de l’hotel de ville, Paris
Lorsque les nazis entrent dans le ghetto de Varsovie le 19 Avril 1943, ils ne s’attendent pas a trouver 750 juifs et juives armé·es derrière des barricades, prêt·s à les combattre.
Enfermé·es et tassé·es entre des murs aveugles depuis novembre 1940, la population du Ghetto a déjà chuté de 450 000 à 70 000 personnes en moins de 3 ans, en raison des déportations quotidiennes vers le camp de mise à mort de Treblinka.
La date de l’attaque choisie par les nazis correspondait cyniquement avec le premier jour de Pessah (Pâques juive), célébration de la liberté par le souvenir de la sortie d’Égypte du peuple hébreu.
Les insurgé·es n’ont pas de doute sur ce qui les attend comme le montre l’écrit d’un combattant du ghetto : « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine ».
L’organisation juive de combat (OJC/ en polonais ZOB) – initiée par les mouvements de jeunesse présents dans le Ghetto dont les figures les plus connues étaient Mordehaï Anielewicz, Mira Fuchrer et Marek Edelman – planifie et organise l’insurrection du ghetto.
Ce combat inclut également l’installation de caches et d’abris, la fabrication des armes, des barricades, le stock des provisions et la cuisine, le soin des blessé·es, et la communication. C’est tout le ghetto de Varsovie qui s’est soulevé et a soutenu les 750 combattant·es. Malgré les conditions dramatiques de leur lutte, les milliers de personnes acculées se sont dressées et organisées contre les nazis. Ces femmes et ces hommes se sont aussi battu·e·s pour que leur mémoire nous parvienne et nous inspire. Leur rendre hommage est également un appel aux combats d’aujourd’hui face à la montée des droites extrêmes et des idées fascisantes, et plus particulièrement de l’antisémitisme.
Comme l’écrivait Mordehaï Anilewicz dans son dernier message du 23 avril 1943 : « Grâce à notre radio, nous avons entendu une merveilleuse émission relatant notre lutte. Le fait que l’on parle de nous hors du ghetto nous donne du courage. »
A toutes et à tous les insurgé·es du ghetto, nous rendrons hommage le 18 Avril 2021 à 14h.
A l’appel du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR).
Un séminaire en ligne avec l’historienne Audrey Kichelewski sur le soulèvement du Ghetto de Varsovie et ses mémoires
19 avril 2021, 19h30
Ce séminaire, qui se déroulera sur ZOOM, est ouvert à tou.te.s !
Vous pouvez dès maintenant vous inscrire à cette adresse :
raar-ghetto-varsovie-2021@gmail.com
On peut voir, sur le site de l’INA, Anna Langfus témoigner sur ce premier jour de l’insurrection . Ici: C’est un extrait du journal télévisé de 1965.
Cela dure très peu, 3 min 52 s.
Pour moi, entendre cette voix amie, disparue depuis 1966, me touche au cœur.
Salut Anna et merci à l’INA.