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L’hommage (annulé) à deux “Merlinettes”: Eugénie Djendi et Elisabeth Torlet

Il devait y avoir un hommage à Eugénie Djendi et Élisabeth Torlet,
à l’occasion de l’inauguration d’une stèle, à Lorris, dans le Loiret,
au musée de la Résistance et de la Déportation.

On peut trouver un livre sur le parcours d’Eugénie Djendi,
cette jeune femme assassinée à Ravensbrück.

Mais cette inauguration a été annulée,  en raison des événements .
Faute de gendarmes disponibles car occupés par la révolte dans les banlieues.

Nous y sommes allés malgré tout et je me suis fait photographier, avec le portrait
de Madeleine,  ma mère, Merlinette elle aussi, devant la stèle recouverte d’un plastique.

Et nous avons visité le musée: Une exposition en hommage aux femmes résistantes.

Un mannequin pour représenter les transmissions dans le maquis.

Et une petite affiche montrant qu’elle était la place des femmes sous le régime de Vichy !

(…voir les billets sur les Merlinettes dans la catégorie “Mad”)
Caillou, le 4 juillet 2023

 

 

 

 

 

Des nouvelles de Serge, par Serge…

Serge donne de ses nouvelles dans un texte publié ici: https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3831

Je précise que je ne souscris pas du tout à la seconde partie de son discours,
à ce romantisme de la violence, et en particulier à la notion de bâtard
que je trouve totalement insultante pour les enfants illégitimes.
Mais c’est son texte et c’est important de savoir qu’il s’en sort…  Caillou

 

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tirée en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des États !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

 

Bientôt

Asseyez-vous là ! Crie le haut-parleur à la voix métallique tandis que la flèche rouge clignote sur le mur juste au-dessus du banc.
Nous sommes cinq à attendre dans ce couloir gris sans fenêtre à peine éclairé d’un néon fatigué. Au bout de quelque temps, je jette furtivement un coup d’œil. Il n’y a personne derrière la vitre sale. Nous pouvons chuchoter.
Pourquoi es-tu là ? Me demande un jeune homme mal rasé au col sale assis à ma droite. J’hésite à répondre. Sur le banc, une femme en survêtement avec son panier à provisions, un étranger, peut-être Pakistanais, un vieux en manteau et ce jeune type un peu largué.
Je réponds, tout doucement.
– Je ne sais pas ? Le Robot-Garde est venu m’arrêter chez moi. Il paraitrait que j’ai été pris en flagrant délit pendant le journal télévisé hier soir.
– Vous avez un viseur GoogleApps? Oui. Et vous avez regardé le président ?
– Oui? Enfin je l’ai entendu.

Le gamin est dubitatif. Je le sens réfléchir…
– Et vous?
– Moi? J’ai traversé la rue Amelot en dehors des clous et je me suis fait gauler en arrivant au métro République.
La ménagère murmure, comme pour elle-même:
– Je n’aurais pas dû avoir mon téléphone sur moi quand j’ai rencontré ma camarade en faisant les courses. Je suis sûr qu’il nous a écouté parler du bon vieux temps.
– De quel temps parlez-vous?
– Du temps des gilets jaunes et des manifestations contre la réforme des retraites.

Nous regardons tous les quatre le migrant qui nous fait signe qu’il ne parle pas notre langue, mais nous avons tous compris que sa couleur de peau bronzée et sa chevelure noire et dense ont dû déclencher la curiosité d’une caméra intelligente.
Le vieux monsieur à l’autre bout du banc rajoute:
– J’ai voulu attraper le bus qui repartait et j’ai donc un peu couru…
La femme ricane:
– Et, vu votre âge, la machine a pris cela pour un comportement inhabituel !
Un long silence s’installe. On entend juste les minutes qui s’égrènent à l’horloge au bout du couloir.
– Je crois que j’ai compris, me dit alors le jeune homme. À quoi pensiez-vous en regardant le président?
– À ma douce que je devais justement retrouver ce matin.
– Et vous aviez donc un sourire béat ?
– Peut-être…
– Juste au moment où le président a annoncé que nous attaquions la Chine et la Russie en même temps.

– Oui, je ne sais pas, peut-être. Mon amoureuse est très jolie et cela fait 2 semaines que nous sommes séparés. Je pense toujours à elle.
– Et bien ne cherchez pas. Depuis que l’Intelligence Artificielle est couplée à la reconnaissance faciale elle voit même les émotions et peut surveiller tous les déviants…

Mais il se tait brusquement, car nous entendons le roulement de chenilles du Robot-Garde qui revient dans le couloir chercher le migrant.
– Taisez-vous! nous crie le haut-parleur!

Caillou, le 17 juin 2023

Communiqué des parents de Serge

10 Mai 2023

Des nouvelles de Serge

Depuis qu’il est officiellement sorti du coma, l’état de Serge progresse lentement mais assez régulièrement. Il est encore pas mal confus, parle peu mais un peu plus clairement chaque jour ; il répond à des questions, nous reconnaît à la voix, râle sur son inconfort et son manque de nourriture.
Il devrait bientôt sortir du service de réanimation pour entrer dans celui de soins continus, puis aller dans celui de rééducation (le problème étant de lui trouver une place).
Nous n’avons aucune nouvelle de l’enquête conduite par l’IGGN suite à notre plainte pour tentative de meurtre et entrave volontaire à l’arrivée des secours, mais on s’y attendait…
De nombreuses actions de solidarité (envers tous les blessés) ont eu lieu un peu partout en France, et même dans d’autres pays (Grèce, Espagne, Brésil, Mexique, Italie, Belgique…), bien au-delà de la mouvance politique de Serge – par exemple venant de ses collègues accompagnateurs de montagne.
Nous organisons samedi prochain à Poitiers un Forum des luttes et des livres anticapitalistes. Nous pensons en effet qu’il est nécessaire de se sortir de la stricte antirépression pour replacer les événements de Sainte-Soline dans le cadre des luttes actuelles et de leur répression y compris sur les lieux de travail, trop souvent oubliés.
Merci encore pour votre soutien qui nous aide beaucoup.

JPD

Communiqué des parents de Serge

26 avril 2023
Communiqué des parents de Serge

Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir. Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.
Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge. Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas. A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre. Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.
Les parents de Serge,
le 26 avril 2023
Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.

4 avril 2023
Communiqué des parents de Serge.
Cela fait maintenant 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu’il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé.
Nous et sa compagne remercions toutes les personnes (camarades, proches et anonymes) qui ont manifesté leur soutien et leur solidarité envers lui.
Nous remercions les dizaines de milliers de camarades qui se sont exprimés dans la rue, devant les préfectures et ailleurs, le jeudi 30 mars, contre l’ordre policier installé en France.
Nous remercions tous ceux et celles qui ont porté assistance aux blessés pendant la manifestation, ou qui ont apporté leur témoignage concernant la répression à Sainte-Soline, en particulier par rapport à Mickaël et à Serge.
Nous remercions enfin l’équipe médicale qui est à leurs côtés afin de les aider à se battre pour vivre.
Ce combat pour la vie, Serge le mène avec la même force que celle qu’il met à combattre un ordre social dont la seule finalité est de maintenir la main de fer de la bourgeoisie sur les exploités.
Soyons solidaires de tout ce que Darmanin veut éradiquer, dissoudre, enfermer, mutiler – du mouvement des retraites aux comités antirépression, des futures ZAD au mouvement des blocages. Le terrorisme et la violence sont chaque jour du côté de l’Etat, pas de celles et ceux qui manifestent leur rejet d’un ordre destructeur.
Les parents de Serge
Le 4 avril 2023
Merci de diffuser le plus largement possible ce communiqué.

Mercredi 29 mars 2023

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un “pronostic vital engagé”, suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.
Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.
Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :
– Oui, Serge est fiché “S” – comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
– Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
– Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.
Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.
Les parents de Serge

 

Communiqué au sujet de S.

affichette du 28 mars à Toulouse

Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

Samedi 25 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades de S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations

Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.

Article paru dans le journal le Monde du 28 mars:
Sainte-Soline :
l’enregistrement qui prouve que le SAMU n’a pas eu le droit d’intervenir.

Alors qu’une polémique s’est installée sur la possibilité de secourir les blessés lors de la manifestation contre la mégabassine, samedi 28 mars, une équipe de la Ligue des droits de l’homme a eu, en direct, confirmation que les forces de l’ordre interdisaient au SAMU d’intervenir. « Le Monde » a eu connaissance de cette conversation téléphonique.
Par Franck Johannès

Les secours n’ont pas été empêchés d’accéder au site de Sainte-Soline lors de la manifestation contre la mégabassine du samedi 25 mars, a affirmé Farnam Faranpour, le chef du pôle des urgences de Niort, dans les Deux-Sèvres. Il a en revanche reconnu qu’il y avait eu des difficultés pour accéder aux blessés les plus graves, notamment aux deux jeunes gens entre la vie et la mort.

« Pour ce jeune homme gravement blessé, il y a eu un premier appel aux pompiers qui sont partis, mais la géolocalisation n’a pas permis de trouver le lieu, a expliqué l’urgentiste à France 3 Nouvelle-Aquitaine, mardi 28 mars. Donc, nous avons attendu d’autres appels pour préciser le lieu et nous avons finalement envoyé le SMUR de Ruffec qui était le plus proche des lieux. » Mais quand l’équipe est arrivée, elle a été arrêtée par des manifestants blessés qui avaient besoin de soins.

La Ligue des droits de l’homme (LDH) et plusieurs associations estiment, au contraire, que les forces de l’ordre ont interdit au SAMU 79 de se rendre sur le terrain de la manifestation, et disposent d’un enregistrement téléphonique qui semble l’établir. La LDH avait envoyé samedi six équipes de trois observateurs sur le terrain, en liaison avec quatre autres personnes, restées en appui dans une salle, dans la commune de Melle (Deux-Sèvres). Parmi eux, trois avocats, Sarah Hunet-Ciclaire, Chloé Saynac et Pierre-Antoine Cazau, ainsi qu’un médecin Jérémie F., généraliste en centre de santé, qui ne souhaite pas donner son nom.

« Pas opportun »

C’est dans cette salle qu’a été enregistrée, par la LDH, la conversation de 7 minutes 30 avec le SAMU, que Le Monde a pu consulter. Le téléphone du médecin sonne constamment, les équipes sur place lui signalent ici une plaie cervicale, là une mâchoire fracassée ou une fracture ouverte ; et il est convenu qu’il peut servir de coordinateur. Il a déjà appelé le médecin régulateur du SAMU, d’abord pour réclamer un hélicoptère, ensuite parce que les observateurs de la LDH lui ont dit que les secours n’arrivaient pas, et qu’il y avait au moins un blessé dont le pronostic vital était engagé.

Il est 14 h 50 lorsque le docteur F. rappelle les pompiers.

« − Un pompier : Je viens d’avoir le SAMU sur place qui me dit, on n’envoie personne sur place, le point de regroupement des victimes est à l’église de Sainte-Soline, une fois qu’ils seront là-bas, l’engagement des moyens sera décidé.

− Le médecin : Ecoutez, je pense que c’est une, que ce n’est pas, enfin, je pense que ce n’est pas opportun comme décision.

− Le pompier : Alors moi je suis ni décideur, ni…

− Le médecin : Attendez, attendez. Mais moi je vais vous expliquer. Moi, je suis médecin et en fait, là, il y a des observateurs de la LDH, la Ligue des droits de l’homme qui sont sur place, qui disent que c’est calme depuis une demi-heure. Donc en fait, vous pouvez intervenir et moi, mon évaluation à distance avec des éléments parcellaires que j’ai, c’est qu’il faut une évacuation immédiate.

− Le pompier : Je vais vous repasser le SAMU. Ne quittez pas. (…)

− Le SAMU : Allo, oui le SAMU, bonjour.

− Le médecin : Oui, c’est vous que j’ai eu tout à l’heure au téléphone ?

− Le SAMU : Oui.

− Le médecin : Super. Vous en êtes où, là, de la plus grosse urgence absolue de ce que j’ai comme impression, moi, de loin ?

− Le SAMU : Alors déjà le problème, c’est que vous n’êtes pas sur place, donc c’est un peu compliqué. On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de SMUR sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre.

− Le médecin : OK, est-ce que… Alors moi je suis avec des observateurs de la Ligue des droits de l’homme qui disent que leurs observateurs sur place disent que c’est calme depuis trente minutes et qu’il est possible d’intervenir ?

− Le SAMU : Je suis d’accord avec vous, vous n’êtes pas le premier à nous le dire. Le problème, c’est que c’est à l’appréciation des forces de l’ordre dès qu’on est sous un commandement, qui n’est pas nous.

− Le médecin : D’accord.

− Le SAMU : Donc, pour l’instant, on attend de rassembler les victimes au niveau de l’église de Sainte-Soline, c’est ce qui est en train d’être fait, avec des moyens pompiers qui se déplacent sur site pour prendre en charge et ramener. Pour l’instant, pas de moyens de SMUR ou d’hélico qui peuvent se pointer sur place.

− Le médecin : La LDH me dit qu’il y a des médecins militaires qui viennent d’arriver sur place. Est-ce que vous avez cette information vous aussi ou pas ?

− Le SAMU : Les médecins militaires, ils sont là pour les forces de l’ordre. C’est leur service de médecine pour les forces de l’ordre.

− Le médecin : La Ligue des droits de l’homme a demandé s’il y avait un contact au niveau du commandement à transmettre pour qu’on puisse intervenir ?

− Le SAMU : Négatif, négatif.

− Le médecin : Est-ce que vous voulez que je vous passe la Ligue des droits de l’homme ?

− Le SAMU : Non plus. On gère les victimes pour l’instant et les secours, j’aurais pas le temps d’aller…

« On n’a pas l’autorisation »

− Le médecin : D’accord, d’accord, je veux juste faire accélérer le truc.

− Le SAMU : Il faut qu’ils fassent le point, dans ce cas il faut qu’ils contactent la préfecture.

− L’avocate de la LDH Chloé Saynac : Vous avez interdiction d’intervenir ? Vous confirmez que vous avez interdiction d’intervenir ?

− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation d’envoyer des secours sur place, parce que c’est considéré comme étant dangereux sur place.

− L’avocate : Et si vous n’y allez pas, ce ne serait pas une non-assistance à personne en danger ?

− Le SAMU : Nous devons avoir nos secours en sécurité également, malheureusement on n’a pas l’autorisation de les envoyer comme ça.

− L’avocate : Vous n’avez pas l’autorisation des forces de l’ordre ? Ou de ?

− Le SAMU : On n’a pas l’autorisation de toutes les institutions sur place, pour l’instant, on est sous leur commandement.

− L’avocate : Quelles institutions du coup ? On a besoin d’analyser très clairement parce qu’il y a quelqu’un qui peut décéder, donc pour que les responsabilités soient établies on a besoin de savoir.

− Le SAMU : On fait au mieux, mais malheureusement, il y en a d’autres…

− L’avocate : Qui interdit l’accès à ces personnes en danger grave, vital ?

− Le médecin : Et donc vous confirmez que c’est la préfecture qui a interdit l’accès ? C’est ça, en fait ?

− Le SAMU : Non, c’est pas la préfecture qui interdit l’accès, je vous dis que c’est le commandement sur place.

« On ne peut pas faire plus »

− Le médecin : OK. Comment on fait pour contacter le commandement sur place ?

− Le SAMU : Ben, il faut passer par la préfecture. Je ne peux pas vous les passer directement.

− Le médecin : OK. Est-ce qu’on peut faire le 17 ? On peut avoir le commandement sur place ? Vous croyez ?

− L’avocate : Et c’est quoi, vous, votre contact avec eux ?

− Le SAMU : Nous, malheureusement, le SAMU, on est juste là, en fait on nous demande d’envoyer des moyens qu’on envoie à des points donnés, on ne peut pas faire plus.

− L’avocate : Je sais bien, je comprends, mais on essaie de vous permettre de travailler là, parce que vous êtes empêchés de travailler.

– Le SAMU : Oui, oui, mais du coup, on monopolise une ligne une urgence. Merci beaucoup, au revoir. »

Le SAMU 79 a indiqué sur Twitter : « La justice fera son travail, et nous nous mettrons à leur disposition pour leur donner l’ensemble des informations nécessaires comme nous le faisons dans chaque enquête. »

Franck Johannès

 

Le 1er CD de la Teigne… en 2005

Il y a presque 15 ans…

Ce CD oublié comportait 9 morceaux :

Une rumba
Un blues pour rien
Banlieue rouge
Un blues lent
Gardens Button’s Party
A tous ceux
Carole
Un reggae gai
et Johny s’en va t’en guerre

 

Il a été enregistré dans le studio (improvisé) de Michel, au Fousseret.

En mai 2000 nous commençons à répéter dans les locaux syndicaux du Pigeonnier de la Cépière. Nous sommes alors une émanation des syndicats Sud, et notre nom est The group of the Ten, (le groupe des 10), ancien nom des syndicats Solidaires. Le 27 mai 2000 on joue à la fête du Sud PTT le blues lent puis on change de nom, on devient La teigne et on joue dans plusieurs réunions et manifestations. En particulier le 1ermai 2002 où nous jouons (du Ska) à la manif anti-Le Pen entre les deux tours des élections. On sort le premier CD Dans les rues en 2005. Nous sommes alors cinq : Gilles aux djembés, Jean à la batterie, Marc au chant, Michel à la guitare, Robert à la guitare et au chant, et Yves à la basse et au chant.

Robert, Jean, Michel et Marc

La rumba

C’est par une nuit comme ça
Par une nuit d’été
qu’on peut se demander
pourquoi qu’on est parti
à l’autre bout du monde
faire les cons à la ronde
et si loin du pays

pourquoi? pourquoi? pourquoi?

C’est par une nuit comme ça
Qu’on se demande pourquoi
les filles blanches ne dansent pas
ne dansent pas avec moi
pourquoi qu’elles ne veulent pas?
quand on est noir comme moi?

pourquoi? pourquoi? pourquoi?

Est ce que je suis bizarre
Ridicule ? Étranger ?
ou est ce que je suis noir?
noir comme la nuit?
noir comme la nuit sans espoir

Et pourquoi à l’entrée
de cette discothèque
il y a ce noir tout sec
ce grand balezze tout black
qui me refuse l’entrée
qui veut me foutre des claques?

Pourquoi tous les gens font
comme s’ils ne voyaient rien
Est-ce parce que suis noir
que je montre le poing
Est-ce que je vous fais peur ?
Est-ce que j’nai pas d’papiers?
ou est ce que je suis noir?
dans la nuit sans espoir

Pourtant vous voulez bien
qu’j’travaille sur vos chantiers
en étant mal payé
dans l’insécurité
Pourtant vous voulez bien
que j’construise vot pays
si je m’en vais au loin
quand il sera fini

Robert

Un blues pour rien

J’avais beau dir’, beau faire
Pas rond qu’elle  tourn’ la terre,
Y’a qu’mon lit qui s’bouge
L’cœur qui s’est fait la paire

J’métais mis plus que minable
L’automne, la têt’ sur la table
Pleins de nuages sur le front
Une vie en vrac, sans jamais l’rond

Elle m’a dit «  y faut t’secouer »
Encore l’allonger ton pas,
Voir en face ce qui n’va pas.
Un aut’ verr’ j’me suis versé

Refrain

Demain, ça ira mieux c’est sûr
Just’ l’angoisse qui s’met en route
J’ai malgré tout un gros dout’
Un nœud au ventr’, rien qui dur’

Elle a poussé loin la porte
Et maint’nant j’me retrouve en short
Elle a mis l’cap sur la mer
Y’m’reste plus qu’à changer d’air

Marc

Banlieue rouge

 

Dans la banlieue rouge
j’ai appris à rêver
j’y avais mes copains
mais ils se sont cassés.

Sarcelles n’a plus d’ailes
et Bobigny se meurt
c’est à Maisons-Alfort
que j’ai perdu l’honneur

Il y avait des filles
elles avaient des corsages
et notre seule envie
c’était de leur ôter

il y’avait un curé
qui nous f’sait rigoler
maintenant qu’il est parti
il n’y a plus qu’la télé

Refrain

Mais dans ma banlieue grise
les jeunes se font chier
dans les cages d’escalier
ils ne font que glander

dehors il fait si froid
dedans ça gueule trop fort
ils ne peuvent plus rêver
leur avenir est bouché

Refrain

dans ma banlieue folle
ils braquent les mémés
ils violent dans les sous-sols
ils dealent pour les camés

Et dans ma banlieue noire
il n’y a plus d’espoir
y’a que les bulletins d’vote
de ceux qui vont voter

Refrain

car dans ma banlieue noire
Le Pen est arrivé
Puis Sarko, ses condés
y’a plus personne le soir

dans ma banlieue rouge
il n’y a plus rien qui bouge
car même les staliniens
leur ont fait le chemin.

Gilles, Michel, Robert et Marc

Un blues lent

Je me suis réveillé ce matin là
elle n’était plus là.
J’étais seul au plumard
où pourtant la veille au soir…
elle avait crié comme une folle que
j’étais son idole.

J’ai été bosser sans avoir rien bouffé,
l’frigo est ruiné.
Dans l’usine y’avait qu’moi,
j’ai pas compris pourquoi.
Les gros bras m’sont tombé d’ssus
du boulot j’en avais plus.

Les copains rassemblés
dans le froid de l’entrée
m’ont prévenu que l’patron
s’était tiré en avion
en emportant la paye du moi
j’avais plus un radis d’vant moi.

D’vant chez moi y’avait l’huissier
ils ont tout emporté.
L’proprio m’a claqué
la porte sur le nez
et maintenant j’suis à la rue
j’ai même pas pris mon pardessus.

C’est pourquoi j’tends la main
sur ce coin de trottoir
En chantant dans le noir
ce blues sans espoir
en attendant que j’me réveille
dans mon plumard avec ma belle.

Yves

Gardens Button’s Party

Gilles

À tous ceux

À tous ceux qui ne veulent pas crever
et qui essaient d’organiser
des contre-feux, des résistances
contre les fachos qui s’avancent.
À tous ceux qui ne veulent pas revoir
ceux qui ont gâché leurs espoirs
les politiciens corrompus
aux idées neuves mais qui puent.

À tous ceux qui luttent debout
et qui surtout poussent à la roue
un monde qui veut les enfermer
dans les ghettos et leurs camés.
À tous ceux qui lèvent leur verre
pour une vie plus solidaire
dans tous les repas de quartier
avec leurs voisins de palier.

À tous ceux qui n’aiment pas leurs parents
et qui pourtant leur sucent le sang
À tous ceux qui tuent père et mère
pour s’enfiler des drogues amères.
À tous ceux qui conduisent des voitures folles
et qui se pètent la gueule, fauchant toute une école
À tous ceux qui ne veulent plus d’amour
et qui pourtant pleurent tous les jours.

À tous ceux qui ne veulent plus prendre la mer
À tous ceux qui n’osent plus changer d’air
qui restent coincés dans leur appartement
bourrés d’ennui et de tranquillisants.
À tous ceux qui regardent Loft Story
en laissant filer toute leur vie
à ceux qui bossent trop, ou pas assez
et qui voudraient pouvoir laisser tomber.

À tous ceux qui sont déjà morts
et que pourtant nous aimions fort
qui ont leurs traces dans nos liens
les pavés sur notre chemin
À tous les révoltés du monde
qui sont en train de le refondrent
à ceux qui sont en mouvement
qui vont hurler contre le vent.

Et à tous ceux qui vont survivre
mélange issus de tous les livres
métis de toutes nos cultures
qui vivront sur une terre mure
Nous disons quel est notre camp
nous battons les rassemblements
nous voudrions que les mots nous servent
que le futur ne soit plus rêve
mais qu’il devienne réalité

Carole

Marc, Michel, Robert et Jean

Un reggae gai

Dans les rues
j’ai croisé, j’ai croisé
le regard des exclus
que tout l’monde ignorait

Dans les rues
j’ai crié, j’ai crié
que l’on en pouvait plus
qu’il fallait tout changer

Dans les rues
j’ai cherché, j’ai cherché
les puissants, les dodus
qui nous font tous suer

Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer

Dans les rues
nous étions des milliers,
décidés, convaincus
à ne plus reculer

Dans les rues
j’ai chanté, j’ai chanté,
quand on a enfin vu
leur État s’effondrer

Dans les rues
j’ai dansé, j’ai dansé
sur les pavés des rues
l’avenir était gai!  

Johny s’en va t’en guerre

Je suis parti d’chez moi
après les attentats
nous étions des milliers
à vouloir nous venger
je suis américain
et du côté du bien.

Casqué, botté, sanglé
formé et déformé
ils m’ont bourré le crâne
je n’suis plus qu’un organe
dans un bel uniforme
j’étais vraiment un homme.

L’juteux m’a fait monter
dans un grand bombardier.
On a volé longtemps
avant de voir des gens
qui courraient en hurlant
déjà couverts de sang

On me l’avait bien dit
c’était tous des bandits
qui tombaient déchiquetés
morceaux éparpillés
tout filait tout en dessous
et nous étions les loups

C’était comme la télé
quand le son est coupé.
j’ai pas vu d’taliban
mais des femmes, des enfants
et nous leur faisions don
d’bombes à fragmentation.

Le pilote s’est gouré
il a mal calculé
bourré d’amphétamines
il a scratché la machine
et on est tombé de haut
le nez dans le capot

Je n’me souviens plus de rien
je suis mort en ricain.
Je suis revenu chez moi
juste entouré d’un drap
on m’a foutu en terre
sur un air militaire.

Le clairon, le drapeau
et le soleil là-haut
dans l’ pays Wyoming
ma croix sur la colline
et mon père et ma mère
seuls pour la vie entière.

Et c’est sur que là bas
il y a un mort comme moi
un jeune enturbanné
soldat fanatisé
je suis mort pour l’pognon
lui pour une religion…

Prostitution: l’aveu de la police toulousaine.

Lu dans le journal “la Dépêche de Toulouse” le 31 octobre 2021:
Sous le titre Toulouse : l’impossible bataille contre la prostitution
On trouve 2 pages avec des témoignages des riverains et des plans des rues interdites par un arrêté municipal qui date de plusieurs années. La prostitution est interdite dans certaines rues. Mais cette interdiction municipale vise en premier lieu les victimes et pas vraiment les clients. Ce qui est clairement dit dans l’interview du policier municipal.

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