W.A.Wellman, “Track of the cat” “Beau Geste” et “The story of G.I.Joe”

Track of the cat (1954) de W.A.Wellman est un film curieux.

C’est une sorte de western décalé.
Un huis-clos sur une famille déchirée, en pleine tempête de neige dans un ranch perdu en pleine montagne. L’ambiance angoissante et malsaine où règne dehors la peur d’une sorte de panthère noire et dedans la division entre les 3 frères dont l’aîné est un rustre dominateur, la sœur vieille-fille, la mère tyrannique, le père alcoolique, la fiancée du plus jeune frère totalement dominé et un vieil indien silencieux.
Un théâtre un peu lent, intime, enfermé et qui repose beaucoup trop sur les dialogues. En contrepoint les scènes dans la montagne à la recherche du fauve sont plus silencieuses. Mais la musique est quasiment permanente comme elle était très souvent dans le cinéma hollywoodien de l’époque et là c’est franchement détestable.
Il y a dans ce film un travail spécifique sur la couleur. Wellman désirait faire un film en couleur mais sans couleur. Les seules teintes fortes du film sont la veste rouge de Curt (Robert Mitchum) et la chemise jaune de la fiancée (Diana Lynn). Les paysages de neige et de montagne sont en noir et blanc. D’ailleurs la photographie est très belle, en particulier par les cadrages très soignés.
Malgré des personnages très fouillés et un jeu d’acteurs qui m’a semblé très juste cette histoire ne m’a pas du tout, du tout, intéressé. Ah, oui, j’oubliais! Le DVD réédité de Track of the cat contient des bonus très intéressants sur W.A.Wellman.


Beau geste (1940)
Avec Gary Cooper en légionnaire, c’est un film que l’on peut ne pas voir. Film d’aventure qui commence comme un “Cluedo” à l’Agatha Christie et se finit dans un Sahara de pacotilles, il est bourré de stéréotypes. Les personnages sont convenus et l’intrigue capillotractée.
Cette époque se passionnait pour la Légion Etrangère “La Bandera” (1935) avec Jean Gabin, “Un de la légion” (1936) avec Fernandel, “Raphaël le tatoué” (1938) mais j’en ai rarement vu d’aussi mauvais que Beau geste. En dehors de belles photos en noir et blanc, il peut rester dans le tiroir des films oubliés.


Par contre l’incontournable The story of G.I.Joe sorti sous le nom Les forçats de la gloire mérite vraiment d’être vu ou revu. Tourné en Californie en 1945, donc loin des lieux, il s’agit d’un hommage aux combattants américains de la seconde guerre mondiale.

Le film est quasi documentaire. Il raconte l’histoire d’une compagnie de fantassins américains de leurs premiers combats, en Tunisie, jusqu’à Rome, en passant par la Sicile, la bataille de Salerne et surtout l’interminable hiver 1943 devant Monte Cassino.

 

 

À travers le regard d’un correspondant de guerre, Ernest Pyle, (Burgess Mérédith) on voit la vie quotidienne de ces hommes commandés par le capitaine Walter (Robert Mitchum).
Aucun lyrisme, aucun pathos, juste de la souffrance, de la fatigue, de la boue et des copains qui meurent.
On ne voit presque aucun corps. W.A.Wellman tourne ces scènes avec des ellipses où tout se comprend sans être vraiment vu. C’est d’ailleurs beaucoup dans les regards que cela se passe, beaucoup plus que dans les mots. Une scène en particulier est frappante. Il s’agit d’un mariage improvisé au milieu des ruines. (La mariée est d’ailleurs Dorothy Coonan, l’épouse de Wellman, déjà vu dans Wild boys of the road). Il s’agit donc d’un joli moment d’évasion et de paix au milieu de cette vie misérable. Mais le silence qui suit le départ des jeunes mariés en dit long, surtout dans le regard de ces soldats loin de leurs épouses ou amies, de leurs familles, de leurs enfants.

Ce n’est donc pas un film de guerre mais un film sur la guerre, aussi beau vu du côté américain que Quand passent les cigognes vu du côté soviétique. (Mikhaïl Kalatozov 1957). Pour Samuel Fuller The story of G.I.Joe est “le seul film adulte et authentique” produit par Hollywood pendant la seconde guerre mondiale.

Et en plus The story of G.I.Joe est visible sur Youtube, ici.

Caillou, le 7 mai 2018

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