Lire Montesquieu? Pourquoi pas?

Réflexions…

Après le vote de l’Assemblée Nationale, en juillet dernier, autorisant l’ouverture des magasins le dimanche… (Vous trouverez sur ce blog de nombreuses pages sur ce sujet).
Il ne s’agissait pas d’une décision politique, mais d’une décision idéologique, fondamentale, sur le type de société dans lequel nous voulons vivre.
Caprice du Prince, sans autre justification que celui d’obéir au lobby de la grande distribution…
Ces réflexions m’ont amené, curieusement, à lire Montesquieu. (Je ne dis pas relire! Je ne l’avais jamais lu, juste entendu parler…) Oui, ce Montesquieu que nos gouvernants citent tout le temps, dont ils font tout un plat… Le Montesquieu de l’esprit des lois, celui de la non-confusion des pouvoirs, base de notre Constitution politique. En voici le texte fondateur :

La séparation des pouvoirs
par Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu
Extrait de « De l’esprit des lois »

Il y a, dans chaque État, trois sortes de pouvoirs : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil. (c’est le pouvoir judiciaire!)


Par la première, le prince ou le magistrat fait des lois pour un temps ou pour toujours, et corrige ou abroge celles qui sont faites. Par la seconde, il fait la paix ou la guerre, envoie ou reçoit des ambassades, établit la sûreté, prévient les invasions. Par la troisième, il punit les crimes, ou juge les différends des particuliers. On appellera cette dernière la puissance de juger ; et l’autre, simplement la puissance exécutrice de l’État.


La liberté politique, dans un citoyen, est cette tranquillité d’esprit qui provient de l’opinion que chacun a de sa sûreté ; et, pour qu’on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu’un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen.


Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ; parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques, pour les exécuter tyranniquement.


Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire ; car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur.


Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers.

Aussi, comparons :
Si le Président s’empare de tous les leviers de commande,
(ce qui est le cas avec le Président actuel)
Si on élit les député(e)s en même temps que le Président
(ce qui est le cas avec le quinquennat actuel)
Si les député(e)s du parti du gouvernement ne doivent leur future désignation qu’à la direction de leur parti et que celui-ci est tenu en main par le Président.
Il y a confusion entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.

Alors, que reste-t-il de Montesquieu dans le régime de Sarkosy ? Le pouvoir judiciaire ? L’indépendance de la justice? Pour combien de temps encore! Il y a quelque chose de pourri dans ce régime ! Mais je ne suis pas un grand connaisseur de ces choses, éclairez ma lanterne, vous mes lecteurs de l’ombre, j’attends vos commentaires…

Caillou, 11 novembre 2009

6 réflexions au sujet de « Lire Montesquieu? Pourquoi pas? »

  1. eh oui
    bien vu.
    Je reste persuadé qu’il n’est pas indifférent que toutes les institutions de notre pays soient soumises depuis l’arrivée au pouvoir de sarkoléon 1er à des réformes fondamentales, structurelles. Par petite touche, en douceur mais avec ténacité…
    Nos droits démocratiques sont menacés. réellement.
    La démocratie ?
    Est-ce que un scrutin comme celui de 2007 qui fonde la légitimité d’une politique sur une arithmétique électorale est une illustration de la démocratie ?
    tic tac… tic tac
    Faut sérieusement songer à sortir de cette impasse !

  2. Si Montesquieu a contribué à formaliser la séparation des pouvoirs dès la première constitution de 1791 il faut reconnaître que ses écrits restent assez confus. Les compétences de chaque pouvoirs se fera progressivement et notre système politique est surtout le résultat de la constitution de la V ème république. Et je ne pense pas que Sarkozy remette en question ces principes, même si les rapports entre l’éxécutif, le législatif et le judiciaire sont parfois soumis à l’influence de l’un ou de l’autres et notre système politico-social est surtout depuis Montesquieu et Autres l’appropriation des pouvoirs par la bourgeoisie et le libéralisme (économique)?

  3. Montesquieu est peut-être confus, je ne sais pas…
    Bon d’accord il ne voit comment le peuple peut se gouverner seul et ne pense la démocratie possible que pour des petites villes. Mais je le trouve malin comme un singe, pour son époque, d’avoir su analyser ce qu’il connaissait du passé (la Rome antique, la Renaissance, les guerres de religion) et d’en avoir tiré une théorie aussi fine que celle de la séparation des pouvoirs et de l’idée de contres-pouvoirs.
    (Sur ce point des contres-pouvoirs je trouve cela plus intelligent que de refuser tout les pouvoirs…)
    Concernant la situation actuelle je trouve que de ramener le Sarkozisme à la constitution de la Véme République est réducteur. D’abord parce que le quinquennat, (et qui l’a dit à l’époque?), oblige le Parlement à être de la même couleur que le Président, ce qui empêche la cohabitation, mais bien plus grave la contestation parlementaire du gouvernement. Ensuite parce que la main mise du Président sur son parti oblige les parlementaires à lui obéir s’ils veulent obtenir leurs ré-investitures. Enfin, parce que entre un de Gaulle représentant de tous les Français, (au dessus des partis), qui gouvernait avec un premier ministre et un conseil des ministres, et ce petit roquet qui a pris tous les pouvoirs, vidé de toutes prérogatives son premier ministre et qui gouverne avec des conseillers non-élus, il y a plus qu’un écart, il y a un danger très grave pour la démocratie.
    Sur le reste, le pouvoir de la bourgoisie et du libéralisme je suis bien entendu d’accord avec toi. Mais là il n’a rien innové…

  4. La V ème république c’est l affirmation de la présidentialisation, Sarkozy n’a rien inventé et le passage du septennat au quiquennat n’a pas beaucoup de sens? Ce n’est pas le Président qui élit les députés, que je sache mais bien le peuple? L’idée du libéralisme est une conception partagée par un grand nombre de nos concitoyens, cette théorie naît au siècle des lumières est aujourd’hui mise en pratique par nos dirigeants, c’est une idée forte (elle puise sa force dans l’équilibre naturel du calcul égoïste!!!). Opposer Montesquieu et Sarkozy c’est épiloguer sur le libéralisme ou inversement, alors qu’a mon avis la question est: l’utilisation du pouvoir pourquoi et qui?

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