Le Bourdigou

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Vous connaissez l’histoire des trois petits cochons ?

Moi je l’ai beaucoup vu et revu ce film de Walt Disney.
À chaque fois que la petite nièce venait à la maison il fallait enfourner la cassette VHS et lui montrer et remontrer ce dessin animé. Au point qu’elle nous demanda un jour où étaient les petits cochons quand elle n’était pas chez nous. Il y avait cette chanson aussi: “Qui a peur du méchant loup, méchant loup, méchant loup…” Et je revoyais le grand méchant loup noir souffler sur la maison de paille et celle-ci s’envoler en découvrant les corps nus et roses des petits cochons…

Quelques années plus tôt j’étais un des leurs, nous n’étions pas trois mais beaucoup plus nombreux et le grand loup avait une méchante gueule de tracto-pelle.

C’était au début des années 80, sur une plage du Roussillon, à Sainte-Marie-la-Mer, une des dernières plages libres du littoral. Le terrain devenait un camping…

C’est une longue histoire, une histoire collective. Je vais essayer de la raconter ici, avec ce qui me reste, c’est-à-dire des images, mais j’attends que d’autres viennent la compléter.

À suivre. Caillou, 21 juin 2010

Nous sommes donc arrivés après la bataille. Le premier village avait été détruit. On peut lire cette histoire ici:

http://histoireduroussillon.free.fr/Villages/Histoire/Bourdigou.php

Pour autant que je m’en souvienne, nous devions partir en Espagne. Nous avions échoué là, sur cette plage immense, ou les derniers résistant(e)s reconstruisaient des paillotes, et nous y sommes restés.

De partout surgissaient des cabanes.

Nous avons passé l’été là, puis sommes revenus, à chaque fois, dès que nous le pouvions,
pour des vacances, des rendez-vous, des fêtes…

Chaque hiver détruisait toutes les constructions.
Le lieu abandonné était livré au vent.

À suivre. Caillou, 22 juin 2010

J’étais, à cette époque, à la fois militant, politique et syndical,
borné, réducteur, obsessionnel, bête.

et en pleine déroute conjugale, avec comme seul richesse,
ce bel enfant blond et bouclé…

… et quelques ami(e)s retrouvés sur cette plage.
(Mais que je ne peux montrer ici contre leur gré)

Un temps de déchirement, de solitude, de doutes. Je regarde ces images et je me rappelle comment le Bourdigou était, pour moi, à la fois fort et dur. (Je n’en garde pas que des bons souvenirs). Je me souviens de mes silences. Ne pas vouloir se plaindre et paraître fragile. Rester muet et droit.

D’autant qu’on y parlait beaucoup. Le Bourdigou, lieu de parole.
On refaisait le monde à longueur de journée.
On allait se baigner tout en étant en lutte.

Nous étions opposés au bétonnage du littoral, à la privatisation des espaces publics, aux constructions hideuses du capitalisme touristique… qui privaient l’ancien accès aux plages pour les ouvriers de Perpignan.

Ce “nous”, étant, (je crois), féministe, catalaniste, anarchiste, écologiste,

Venant d’un peu partout, du Larzac, de Golfech, de Lyon, de Jussieu, du pays. Ces gens venaient souvent des luttes menées ailleurs. Certains étaient de passage… repartaient le lendemain, et puis d’autres restaient…

Il me reste encore des images.

Demain… le camping!
Caillou, le 23 juin 2010

Et puis ce fut la fin.
Les poubelles abandonnées un peu partout,
les carcasses de voitures, la zone, le dépotoir…

Et le camping qui se construisait derrière le grillage.

D’un coté toute la végétation naturelle du littoral,
de l’autre plus un arbre, pas une ombre: la rentabilité.

Le libre Bourdigou, écrasé, était mort

Caillou, le 23 juin 2010

16 réflexions au sujet de « Le Bourdigou »

  1. Je me souviens d’une soirée sous les étoiles par une chaude nuit d’été sur la plage du Bourdigou. C’est un de mes vieux souvenirs les meilleurs. Des comédiens amateurs avaient présenté une pièce de théâtre où ils imitaient toutes les personnalités locales qui avaient vendu la plage à des promoteurs, acceptant la destruction des paillottes que les gens du pays entretenaient eux-mêmes pour y passer gratuitement l’été . Ce jour-là, je m’étais dit: “quelle façon intéressante de faire passer un message important aux gens! ” On avait tout compris tout en riant aux éclats et ça, ça ne s’oublie jamais! Voilà! Bravo de faire revivre cet événement qui avait tellement endolori la population locale en la privant de vacances agréables et gratuites sur une plage de la Méditerranée. Gaby

  2. Merci pour ces vieux souvenirs, je regarderai les photos plus en détail plus tard. Pour la suite des événements, il y a eu la mise en place d’un camping, puis la reconstruction de paillottes entre Canet et St Cyprien , bien alignées au carré (!!) puis maintenant un projet d’espace naturel protégé qui ne correspond pas vraiment à l’emplacement de l’ancien village, mais plutôt à l’embouchure de la rivière “Bourdigou” (2 rives, la rive nord étant sur Torreilles) , c’est-à-dire les terres du mas Pagnon où nous n’avions pas accès.
    Un petit texte résume très bien la situation, dans le dernier numéro de “L’accent catalan” sur le littoral, qui sera bientôt en ligne sur le site du conseil général http://www.cg66.fr
    A bientôt,
    Sabine

  3. C’est incroyable comme ça résonne avec les vacances que je viens de passer : quelques terrains privés à deux pas de la plage, partagés avec une vieille dame en caravane, une famille avec 3 petits chiens. pas d’infrastructures type douches ou wc, juste un ancien puits. UN terrain vague, Et derrière des grillages, un gros camping où nous sommes rentrés en fraude pour y voler quelques douches.

    Les restes d’une organisation tranquille, populaire, gratuite, un lieu où l’on vient chercher la tranquillité des vacances dans ce qu’elles ont de plus simple : la mer, le soleil, la sieste à l’ombre. Avant, la municipalité offrait la douche à la sortie des plages. Plus aujourd’hui, l’eau coûte cher sur l’Ile, parait-il.

    On va s’excuser auprès de notre voisine de caravane pour le bruit qu’on a fait la veille, un peu tard. “C’est pas grave”, répond elle. “Tant qu’on s’arrange comme ça.”

  4. J’ai connu le Bourdigou depuis mon enfance, ma famille maternelle étant de Sainte Marie.
    J’ai fait les vendanges en 1967 et 1968 avec deux habitants du Bourdigou :
    “Pistolero”, réfugié espagnol qui vivait dans une vraie paillotte
    “Choupatou”, appelé comme ça parce que, ne sachant quoi dire, il demandait systématiquement aux gens qu’il rencontrait : As-tu souppé ? (Je crois qu’il a été relogé dans une HLM à Canet village).
    Les deux étaient “kitcheurs”, ils tassaient le raisin dans la comporte, chez Mademoiselle Cargolès.
    Les auriez-vous connu ?
    Alain Gohier.

  5. Bonjour, moi j’étais toute petite quand on partait en vacances en juillet au bourdigou, liberté, totale liberté dans les cabanes avec les cousins et les amis qu’on retrouvait chaque année. J’habite canet maintenant et je cherche à retourner sur ces lieux mais en vain bien sur… Merci pour ces photos et pour vos souvenirs aussi

  6. Toute mon enfance s’est déroulée en été sur la plage du Bourdigou. Barraque, feux sur la plage, glace transportée dans des seaux, pieds nus, pompe pour l’eau, bourdons, parties de pétanque avec les copains espagnols et parisiens, sieste, bateau revenant de la pêche, cerfs-volants, grillades…et pleins d’autres choses encore fixées à jamais dans ma mémoire et dans l’album-photo de mes familles maternelle et paternelle. Le bonheur.

    1. Le Bourdigou c’est aussi toute mon enfance et de loin les plus belles vacances plus jamais retouvées…je me souviens aussi du marchand de glace qui passait toutes les apres midi … les pain de glace.. les barbeculs tous les soirs entres amis et voisins.. les dunes , pied nus en bikini toute la journée, l’etang et son embouchure qui se jettais dans la mer, cette mer si propre avec tous ces coquillages à volonté, les parties de peches, les barques retournées sur la plages qui nous servaient de planques avec les copains…j’avais 10 ans lorsque j’ai vu notre cabanon reduit en miette .. j’entendais ma grand mere qui disait chaque année ” esperons que l’été prochain le cabanon soit encore là”.. le bonheur c’etait envolé… des souvenirs impérissables.

  7. J’ai une photo aérienne du village du Bourdigou dénichée à l’IGN à Paris qui doit dater de 1972 ou 1973. On y voit toutes les habitations de l’époque , les chemins de sable, mais aussi on y découvre les anciens lits de rivières, la végétation, les bancs de sables.

  8. Que de photos,sur la destruction de ce village populaire, du Bourdigou…je comprends la désolation, que cela a apporté dans des familles qui passaient leur vacances dans ce lieu magnifique ?? Pourtant ce lieu a éte défiguré par ces mêmes vacanciers , le Boudigou existait avant ces vacanciers …….. la première baraque fut construite par mon père Louis Carrère, qui avait eu sa baraque incendiait pendant la guerre…fut construite ensuite celle de mon ongle Galdric ….Si je déplore la destruction de ces constructions de vacances.. …comment expliquer mon désaroi de voir contruire autour de nous , toutes ces habitations..Nous qui sommes restés pendant quelques années, les habitants de ci lieu sauvage. nous étions très pauvres et si libres…On ne peu arrêter l’évolution des choses.. Pardonnez moi mais parlez un peu de l’origine de ce Bourdigou ;qui fût un lieu si sauvage pendant ma jeunesse Si vous allez dans le cite village pitoresque vous verrezles photos de ma barraque ainsi que le pettit texte que j’ai écrit sans rencune ; et avec mes meilleurs sentiments

    1. Bonjour,
      Il y a déjà plus de 5 ans que tu as laissé ce commentaire. Je suis tombé dessus en faisant des recherches sur le Bourdigou où je passais mes vacances lorsque j’étais enfant. C’est ton père qui nous avait construit la paillotte. Nous avions connu le Bourdigou grâce à ta tante qui était notre voisine de Perpignan.
      J’ai bien connu tes parents, tes frères et sœurs peut-être toi.
      Je garde de merveilleux souvenirs de cette époque.
      Régine

      1. Merci de ta réponse il est possible que nous nous connaissions ma tante m’a élevé pendant 3 ans à Perpignan rue du cup de saint paul …. Je suis actuellement une vielle personne, et termine mon parcours de vie à PAIMPOL souvent je regarde la mer si belle en Bretagne , pourtant mon esprit s’éloigne vers ce lieu de mon enfance le bourdigou
        peut-être à bientôt

  9. Bonjour,
    Ces messages me parlent, tous mes étés Bourdiguéros me remontent en mémoire… de 2 à 14 ans j’ai passé tous mes étés dans les villages du Bourdigou qui renaissaient inlassablement après le ratissage de l’hiver, l’équipe se retrouvai au grand complet… Le groupe du bas ver,celui des femmes et les anars aussi dans leur coin…une enfance de rêve , de liberté, de cabanes et soirées au coin du feu.
    Une part de nature au coin du cœur et du plaisir de partager la simplicité une autre façon de vivre…nu

  10. Bonjour !

    Je tiens à apporter mes souvenirs de l’époque du Bourdigou. Ce lieu a été malheureusement l’objet de flammes en 1972. Ma famille y avait un cabanon. Ce cabanon a été épargné cette année là. L’année d’après, de nouveau, il y a eu le feu. Notre cabanon n’a malheureusement pas résisté… De ce fait, devant ces sinistres ; la mairie de Ste Marie la Mer, a pris la décision de vendre des terrains communaux constructibles le long du littoral. Les personnes ayant eu leur cabanon sinistré avaient la priorité pour l’obtention d’une parcelle.
    C’est donc à cause des incendies qu’il y a eu certaines destructions de cabanes. Probablement un incendie provoqué de manière criminelle, parce que ces terrains étaient occupés illégalement ? C’est à dire non achetés aux communes ?
    En attendant, je garde de bons souvenirs de mes vacances passées là bas. Pas de ménage à faire, rien que du farniente…

  11. Bonjour,

    j’aimerai savoir si je peux utiliser vos belles photos en vous citant comme en étant l’auteur bien sûr, je suis surtout intéressée par les cabanes

    Merci par avance, dites moi si oui ou non je comprendrais
    Bien a vous

  12. je me souviens de ma tante, Roxane, la sœur de ma grand mère maternelle, qui nous accueillait, l’été, dans sa cabane en planches……….

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