Les incidences de la prostitution à la Jonquera sur les jeunes des P.-O

Un article trouvé dans l’Indépendant le 6 mars 2014
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Les incidences de la prostitution à la Jonquera sur les jeunes des P.-O
Le 06 mars à 06h00 par Recueilli par V. Parayre | Mis à jour le 06 mars2 / 2

Au lendemain de l’expo « Ni dupe, ni soumise » d’Anita Garcia, c’est une conférence exceptionnelle qui est proposée vendredi, à 18 h 30 à la médiathèque (d’Argeles sur mer), initiée par l’UPPM.
A la veille de la journée de la femme, c’est une Argelésienne d’adoption, Sophie Avarguez, maître de conférence et directrice du département de sociologie de Perpignan, qui sera l’une des conférencières du rendez-vous de ce vendredi, initié par l’UPPM et qui entre dans la programmation du festival Femmes et toiles des Amis de cinémaginaire. Malgré un emploi du temps très serré, elle a accepté de nous confier les grandes lignes de cette étude qui a été menée entre 2011 et 2012. Les conclusions ont été présentées à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

Comment est née l’idée de ce travail ? C’est une commande, si je puis dire du conseil général des P.-O., qui a donc été financé par le Département et la Région, c’est sans précédent concernant un tel sujet. J’ai donc dirigé cette action, avec Aude Harlé qui sera à mes côtés demain à la conférence, ainsi qu’avec Lise Jacquez et Yoshée De Fisser.

Où avez-vous mené l’enquête ? Cette étude sociologique a été menée dans l’espace catalan transfrontalier, qui englobe le département des Pyrénées-Orientales et la comarque de Gérone.Quelle est donc la thématique précise ? Nous nous sommes intéressées, au travers des effetsfrontières, au phénomène prostitutionnel. Quelle est sa place, et ses répercussions sur les habitants(e)s de part et d’autre de la frontière ? Le phénomène prostitutionnel n’est donc pas étudié en soi mais interrogé, de manière indirecte et périphérique, dans sa dimension vécue. Ceci, afin de faire émerger à la fois les représentations de la prostitution et les usages sociaux qui en découlent.

Quel a été le point départ ? L’expression « A la frontera tot s’hi val » reprise maintes fois lors des entretiens auprès des habitants de la Jonquera, à propos du développement de la prostitution dans leur ville, est à la fois le point de départ de notre réflexion et son aboutissement. Cette phrase difficile à traduire (« A la frontière, tout se vaut », ou « A la frontière tout est possible », ou encore « A la frontière, tous les coups sont permis ») reflète les spécificités de ce territoire et du phénomène prostitutionnel.

Quels obstacles avez-vous rencontré ? Nous ne pouvions pas entrer dans les clubs, donc nous avons choisi de nous pencher sur les effets de cette activité sur les jeunes, filles et jeunes garçons du Roussillon, qui ne sont pas nécessairement des clients.

C’est donc la seconde partie de votre étude ? Effectivement, la connaissance du phénomène prostitutionnel dit « de la Jonquera » a permis de décrypter les perceptions et les incidences de ce phénomène. Des questions se posent : quels effets a-t-il sur leurs vécus et plus particulièrement sur les représentations et l’imaginaire de la sexualité, comment influence-t-il les rapports sociaux de sexe ? La première partie de l’étude s’intéresse à celles et ceux qui vivent ou travaillent au quotidien à la Jonquera. Nous avons voulu savoir comment ils perçoivent leur ville et plus spécifiquement, l’activité prostitutionnelle et les incidences sur leurs modes de vie et sur le vivre ensemble. La troisième partie porte sur le traitement médiatique de la prostitution dans les Pyrénées-Orientales et sous quels angles elle est appréhendée.

Qu’est ce qui vous a le plus marqué ? Ce phénomène est très particulier, la prostitution est incluse dans un univers marchand. Pour les jeunes, elle est aussi à caractère festif, on en parle sans tabou, c’est banalisé et j’ajoute que c’est presque une fierté locale, avec parfois des rites initiatiques. Et puis, le statut de prostituée l’emporte sur celui de la femme.

Peut-on dire que ce phénomène est une sorte d’atout culturel ? On le consomme comme on va dans ces restaurants buffets, ou tout est hors normes.

 

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