Un bouquet d’œillets rouges accroché à une porte du palais de la Moneda, au Chili.
et une statue de l’ancien président, Salvador Allende, assassiné le 11 septembre 1973. C’est de l’histoire ancienne?
Il faut oublier la dictature militaire qui a écrasé le Chili de 1973 à 1988 ?
Et puis, lors d’une manifestation de l’Éducation Nationale, à Santiago il y a des drapeaux qui montrent Allende toujours présent.
et un peu partout des peintures murales qui le représentent, comme ici à Valparaiso…
Le peuple chilien n’a pas oublié ses héros et ses martyrs.
Dans la capitale, un très grand musée de la mémoire des des droits humains, est consacré à cette période.
On y parle d’un quartier excentré de Santiago, (dans les années 70 c’était un bidonville), où la résistance à la dictature militaire a été très forte et où un prêtre français, André Jarlan a été tué en 1984.
Témoignage chrétien du 10 septembre 1984
Ce quartier, la poblacion La Victoria, nous décidons d’y aller, bien que les guides touristiques, nos amis chiliens et les chauffeurs de taxis nous disent qu’il est devenu très dangereux à cause de la délinquance et de la drogue.
La poblacion la Victoria
Ce quartier date de 1957. Il s’agit de la première occupation massive et organisée de terres urbaines par un groupe d’habitants d’un quartier pauvre de 35 000 personnes. Depuis ce « campement » a résisté à toutes les actions policières entreprises pour les déloger et les familles ont commencé à construire le quartier.
Lire à ce sujet l’excellent: http://risal.collectifs.net/spip.php?article2380
La maison d’André Jarlan et la plaque qui la signale.
Quelques rues du quartier, un peu désertes, c’est un dimanche matin…
Et les extraordinaires peintures murales, restaurées en 2014, qui témoignent de la résistance populaire. Beaucoup font référence aux 57 années de résistance…
« Construisons le pouvoir populaire »
« Unité pour plus de places et de parcs pour tous »
La victoire avec les couleurs et la subversion, dans la lutte et l’organisation.
Fresque du PFPMR: Le Front Patriotique Manuel Rodriguez,
« Pour une vie digne, la lutte et la rébellion »
Le local du Parti Communiste Chilien.
Au dessus le slogan « Où sont-ils? » hommage à tous les disparus de la dictature.
46 ans après la mort au combat de l’héroïque guérillero Che Guevara le 9 octobre 1967,
la lutte reste la même contre le capitalisme exploiteur.
Des « activistes sociaux importants » et Salvador Allende
Des scènes de la résistance armée à l’intrusion policière
Après 57 ans d’Histoire nous sommes toujours debout
L’Assemblée territoriale : Jusqu’à la victoire pour reprendre l’Histoire.
Le centre culturel Pedro MariqueoComité d’Unité Révolutionnaire pour reprendre la lutte combative
Et, un peu partout, les mots d’ordre et les symboles du peuple Mapuche.
Dont nous avions vu le drapeau dans la manifestation.
Il y a des centaines de peintures murales toutes plus belles les unes que les autres.
Celle-ci est en mosaïque.
Et nous quittons le quartier.
En face, de l’autre côté de l’avenue, un marché aux puces misérable.
Caillou, 16 février 2015.
Photos prises en novembre 2014.
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Un reportage super. Et un retour sur ce passé: la dictature militaire argentine a été beaucoup plus sanglante, la dictature militaire brésilienne a été beaucoup plus longue, d’autres dictatures pas même militaires (ou si peu) ont gouverné ou gouvernent de nombreux pays d’Amérique Latine, sans avoir suscité en France un tel mouvement d’indignation et de solidarité. Pourquoi? Parce que le Chili était réputé être un Etat de droit qui était en train de devenir légalement « socialiste ». Bien plus « civilisé » avec l’Argentine et l’Uruguay que tout le reste du sous-continent latino-américain, composé de républiques inévitablement plus ou moins bananières et douteuses.
Toutes les grandes villes d’Amérique Latine ont eu jusqu’aux années 1980 d’immenses bidon-villes caractérisés par l’appropriation « illégale » du sol urbain par « invasion » au profit de couches populaires. Ce sont maintenant comme le montrent les photos des quartiers « moyens- bas » urbanisés. Par rapport à d’autres villes, à Santiago on voit que c’est entretenu par une population soucieuse de cohésion, de célébration: une mémoire sociale qui fait défaut là où les « invasions » ont été menées par des leaders largement corrompus jouant le rôle de sous promoteurs immobiliers.
Bravo pour ton reportage sur le Chili. Oui je connais l’histoire du Père Jarlan. Elle rejoint l’histoire de tous les militants d’Amérique Latine, hommes et femmes qui n’ont pas hésité à jouer leur vie contre les dictateurs. parmi eux, Cathy Domon et Léonie Duquet. J’en profite pour pous annoncer la publication de l’ouvrage « sur les pas des disparus d’Argentine » Sous la dictature de Videla (1976-1983) . Nous l’aurons le 23 février.
J’ai particulièrement apprécié les peintures murales vraiment magnifiques…A plus Gaby
Cette histoire n’est pas complètement oubliée par les chiliens . Je ne sais pas s’Il y a eu réconciliation entre eux.
La petite fille d’Aliende vient de faire un film sur son grand père ; ça lui a pris plusieurs années .