Alger. 9 avril 2012.

Nous partons.

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L’avion tremble, s’ébroue, décolle, s’envole, et droit devant c’est Alger qui m’attend. Ce voyage j’en ai rêvé longtemps. Et c’est aujourd’hui, enfin, le grand départ. Vers le pays inconnu de Madeleine, le pays d’enfance de ma mère, celui dont elle parlait souvent et que je ne connais que par les lettres, les cartes postales, les photos anciennes des albums de familles. La cabine est totalement remplie. Beaucoup d’Algériens bien sûr, qui retournent au pays, et comme c’est le début des vacances scolaire on entend beaucoup de cris d’enfants.

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Aquilina, ma compagne de voyage, m’a laissé le côté du hublot. Elle sympathise très vite avec son voisin, un jeune infirmier habitant de Tournefeuille, qui part en vacances dans sa famille, quelque part dans le Sud algérien, vers Ghardaïa. Ils se sont trouvé un ami commun. Quelques instants plus tard, il nous invite déjà, à venir dans son village, visiter son pays. Il lit «La guerre d’Algérie » le pavé de Mohammed Hardi et Benjamin Stora.

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À l’arrivée, à l’aéroport Houari Boumediene, (Maison Blanche) nous faisons presque une heure de file d’attente pour valider nos passeports. Dans cette queue interminable, je vois les premiers travailleurs chinois, en groupe, des fidèles revenant de la Mecque, donc tout de blanc vêtus, et surtout les premiers intégristes, barbus, en quamis, dont une femme totalement habillée de noir, dont même les yeux sont cachés, comme une sorte de Belphégor. Nous attendons presque autant que la durée du vol de Toulouse à Alger. Mais il n’y a pas de cohue, juste une sorte de patience.

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Un peu plus loin, nos sacs à dos récupérés, nous sommes accueillis par Y. et T., qui nous emmènent en voiture jusqu’à Hussein Dey. T. est en licence de «management». C’est un voisin d’Omphale. Y. son neveu, est lui au chômage, mais il m’assure que ce n’est pas grave, qu’il y a beaucoup de travail en Algérie, que c’est en plein boom, même s’il s’agit d’emplois précaires et mal payés. Il travaille habituellement dans des entreprises de téléphonie. Le SMIC algérien est à 180€ par mois, soit 27 000 dinars (au cours non officiel de 148%).

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La circulation est très dense et la conduite se fait un peu à l’intimidation, en changeant brusquement de file. Y. fait le guide. Il nous désigne un quartier d’immeubles modernes, Fort-de-l’eau, (Bordj El Kiffan) dont le nom m’évoque immédiatement l’immigration minorquine en Algérie coloniale. Ce qui devait être, à l’époque, une terre de maraîchers est maintenant, dans cette interminable banlieue d’Alger, devenue une grande cité moderne, entourée d’autoroutes. Nous entrons, d’après ce que je vois, dans une grande métropole grouillante de vie.

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À Hussein Dey l’immeuble où habite notre amie Omphale  est très curieux. Il date de l’époque coloniale. C’est un grand rectangle de plusieurs étages qui abrite une vaste cour intérieure. Les balcons courent à chaque étage. Au rez-de-chaussée, sous la cour, on trouve un marché couvert. Dans l’entrée correspondant à l’escalier qui mène chez notre hôte, je découvre une mosaïque qui doit dater des années trente et qui prône l’ordre et la concorde. Tout est vieux et décati. L’ascenseur ne fonctionne pas, l’escalier sent la pisse de chat…

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Omphale est enseignante à la fac d’Alger. Elle est prof de physique. Son appartement qui était un logement de fonction à été vendu, pour une somme modique et elle en est donc propriétaire.

DSC04105Après les embrassades, nous repartons pour faire quelques courses et visiter le quartier.DSC04124

Dans le soleil couchant les vieux immeubles européens de l’avenue de Tripoli, qui n’ont manifestement jamais été entretenus ou ravalés, sont magnifiques, tragiquement magnifiques. Le tram qui vient d’être installé est encore à l’essai. Cette très longue avenue, avec d’un côté Kouba et de l’autre le centre ville d’Alger vient de perdre ses arbres. Les Moulins-Narbonne, qui longent les voies du chemin de fer et vont bientôt être détruits, sont occupés par des familles entières. Des immeubles neufs surgissent également, avec des panneaux en chinois.

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Plus haut, dans le quartier nous découvrons les jets d’eau de la petite place devant le palais du Dey, les fresques à la gloire des Algériens illustres, les arbres chaulés et surtout, la grande nouveauté : l’entrée du métro.

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Le soir avec nos ami(e)s, nous refaisons le monde en mangeant du poulet et moi je suis très impatient d’aller, demain, découvrir Alger.

Caillou, 23 avril 2012

4 réflexions au sujet de « Alger. 9 avril 2012. »

  1. Je me demandais pour quand était le départ… Je suis heureuse et prise de court de voir que çà y est. Le second récit est déjà arrivé pas encore lu. Que d’émotion surement. Pourrais-je laisser quelques noms, petits cailloux blancs de ma mémoire? Mes pensées t’accompagnent.

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