Pour le 1er Mai 2020

Syndicat Solidaires (13) avec, je crois, une photo de Willi Ronis !

Jette un regard distrait sur la télévision.
Les bruits des gens qui parlent, qui envahissent l’espace, ruissellent pour ne rien dire.
Mais tu as peur aussi de cette épidémie.
Et pour te rassurer tu vas voir cette soupe quotidienne d’images, de vagues reflets du monde, de mensonges et d’angoisses, d’oppression, de douleurs.
Tu essaies bien un peu de trier dans le flux
Cela ne sert à rien.
Rideau !

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Claudine: 
Distrait, reflet, soupe, rideau, télé, ruisselle.
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Caillou le 1er Mai 2020

Et le texte de Maryse

Qui suis je ?
Le ruissellement de la gouttière avait formé une flaque au bas de l’appentis. Martin s’en approcha et de dit “aux beaux jours je la réparerai”. Tout à coup il vit son reflet dans la flaque. Comme il avait changé ! Cinq ans déjà que Prune l’avait quitté, il s’était un peu laisser aller et le confinement n’avait rien arrangé. Les boucles poivre et sel de ses cheveux en avaient profité pour s’ébattre les unes sur les autres, sa barbe blanche avait envahi ses joues creusées et flirtait avec sa moustache.
“C’est moi aujourd’hui” se dit il mais “qui étais je hier” ? Sans avoir trouvé la réponse il repartit vers la maison. Il enleva ses bottes et entra. L’odeur de la soupe mijotant sur le fourneau lui mit du baume au coeur. Il tira le rideau pour plus d’intimité, s’assit à la table, prit son journal et essaya de répondre à la question “qui suis je aujourd’hui”. Il griffonna quelques lignes, ratura. Ne trouvant pas les mots, il alluma la télé pour meubler sa solitude. Il avala un bol de soupe et distrait par la télé en oublia qui il était.

Ainsi que celui d’Annick

Elle a cassé la télé, le tube cathodique
explosé, des morceaux d’écrans un peu partout
elle en a marre. Si les signes s’aggravent
elle va demander à ne plus payer la redevance
Demain, c’est le 1er mai. Restez chez vous !
Ne pas sortir, juste mettre sa petite pancarte à la fenêtre.
Manger sa soupe sans rien dire
La pluie ruisselle ce matin.
Les coulures déforment son reflet dans la vitre.
Appeler Sabrina. Appeler Oliva
Appeler Cécile. Appeler Nicolas
Sortir, se prendre en photo
Ensemble, dehors
Deux femmes font des collages
Sur la façade de l’ancien théâtre de la Digue
« Je n’ai pas peur
J’ai seulement le vertige
Il me faut réduire la distance
entre l’ennemi et moi
L’affronter horizontalement » René Char

Une réflexion au sujet de « Pour le 1er Mai 2020 »

  1. Quelle Belle manière de s’interroger, ” qui suis-je”.
    Comme une très courte nouvelle : finement troussée, qui vous embarque au fil de la plume, et à la fin vous dépose là. Paf! ….avec votre interrogation dans la poche, la tête….

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