Tous les articles par Caillou

La libraire

Photo de Bernadette

Elle veut partir maintenant.
Tout de suite !
Au cinquantième jour de cette réclusion la libraire veut s’en aller et prendre la voiture pour rouler, rouler vers la montagne ou la mer, peu importe mais loin, loin.
Elle veut aller marcher dans la forêt, retrouver la poésie de la découverte.
Est-ce qu’il y aura encore du muguet dans les sous bois ?
Elle veut photographier des pissenlits, de tout près, juste avant que le vent ne disperse leurs aigrettes.
Le monde entier l’attend et elle veut, maintenant, tout de suite, le retrouver et se rouler dedans.

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Jacques: 
poésie, marche, muguet, pissenlit, librairie, photographie !
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Caillou le 4 mai 2020

Et le texte de Maryse

Illusion,

Une petite fenêtre de liberté s’ouvre !
Demain on pourra s’évader. Mais, attention ! Pas plus de 100km. Cloîtrée depuis un mois, je passe du temps à regarder les vieilles cartes postales que je collectionne et les photographies de famille. J’étale pêle-mêle un tas de photos jaunies et mon regard est attiré par l’une d’elle. Une place de village, des tables chargées de victuailles sous une ronde de platanes vigoureux. Rien ne manque ! Un brin de muguet près de chaque assiette. La convivialité qui s’en dégage me réchauffe le cœur en ces temps de solitude forcée. Un peu à l’écart, une fontaine autour de laquelle des hommes, chemise blanche et pantalon noir, celui qu’on sortait pour le mariage du fils, des femmes vêtues de robes printanières et quelques enfants habillés avec “les vêtements du dimanche”.
Je retourne la photo et déchiffre les restes de quelques mots délavés par le temps : “Confinoux, 1er mai 1913”. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, c’est l’époque de mon arrière grand-père que je n’ai pas connu. Je me souviens vaguement avoir entendu ma grand-mère parler de ce village, dans le Tarn, de sa douceur et des pissenlits qu’elle ramassait pour faire une soupe dont elle seule avait le secret. C’est décidé, j’irai à Confinoux.
Vite j’attrape ma tablette, Mappy et hop je cherche “Toulouse/ Confinoux”. Pourvu que ce soit dans le rayon autorisé! L’écran s’affiche, 97,3 km. Ouf ! 
”Demain matin, dès l’aube je partirai”, le premier vers de cette poésie que j’aime tant s’échappe de mes lèvres. Avant de me coucher, je passe à la librairie vérifier que j’ai bien baissé le rideau de fer. Toute excitée à l’idée de ce voyage dans le temps, je peine à m’endormir.
Enfin, le chant des oiseaux me réveille. Je m’habille légèrement, le temps est clément, j’avale en vitesse un café, ferme la porte d’entrée et me retrouve au volant de ma voiture. Je pose la photo sur le tableau de bord, branche mon GPS et je démarre.
 Personne sur la route, la campagne est belle. Seule la voix d’hôtesse de l’air de mon GPS me sort de mes rêveries “au prochain rond point, prenez la deuxième sortie à droite”. Et je vois “Confinoux, 3km”. J’y suis. Je me gare à l’entrée du village me disant qu’une petite marche me fera du bien.
La photo à la main, j’arpente les ruelles pavées, bordées de coquettes maisons aux balcons fleuris. Il est encore tôt, le village est calme. Je vois un panneau “Mairie”. Souvent la mairie se trouve sur la place centrale, je prends donc cette direction. Quelques mètres et j’y suis. Je regarde la place puis la photo, essaye de trouver un repère. Ce n’est pas possible ! Il doit y avoir une autre place. Je regarde à nouveau la place, il y a deux platanes rescapés de la tronçonneuse, la petite fontaine. C’est bien elle ! Mais au milieu, en lieu et place des tables du banquet, un parking. Le rêve est terminé. En rejoignant ma voiture je me surprends à fredonner la chanson de Dutronc “c’était un petit jardin qui sentait bon le métropolitain….”

Ainsi que celui d’Annick

Floraison printanière

La poètesse marche sur une corde,
funambule la nuit, eau dormante le jour.
Finit le mètre, finit la rime, seulement des ondoiements
de l’âme, feuilletés par des mains aimantes
dans les librairies au coeur des villes .
Sur les partitions poussent le muguet et le pissenlit
Muguet et Amour associés pour toujours
Bouquet des fleurs du mal depuis
que  Pétain l’a fait rimer
avec révolution nationale et travail
Le pissenlit, vivace hermaphrodite, n’a besoin de personne
 Inflorescence jaune, grand capitule isolé,
Il nourrit soigne et guérit.
Cette herbacée, sait se rendre utile et sa poésie
célébrée par les grands toqués de la cuisine
attendrit les coeurs nostalgiques de l’enfance
paysage figé par la photographie
Souvenir blafard et jaunie.

Une table ronde sur la zone

Le médecin :
La zone est interdite aux pompiers, aux ambulances, aux flics, et aux services sociaux. Ils se font caillasser par des bandes d’adolescents dès qu’ils entrent dans le quartier. C’est grave que l’on ne puisse plus aller secourir des gens ! Pas seulement les malades du covid19, mais tout le monde… *1
Le philosophe :
Que voulez-vous dire par zone ? La banlieue de la fin du XIXème siècle, derrière les fortifications de Paris où vivaient les chiffonniers dans des baraques où grouillait la vermine ? *2
La résistante: (ricanante)
Mais non ! Il désigne avec mépris ce que j’appelle moi les quartiers populaires !
Le médecin : (en aparté : Mais quelle glu celle-là !)
J’entends par zone ce que l’on appelle maintenant avec un euphémisme : les quartiers sensibles, les banlieues difficiles… Ces grands ensembles où il n’y a plus aucune mixité sociale ou ethnique et où s’entassent les pauvres, les difficultés… et la délinquance.
La résistante :
La délinquance ? Mais vous n’y connaissez rien ! Vous l’avez lu dans le journal ! C’est une infime minorité de la population des quartiers !
Le médecin :
Mais ce que disent les journaux est grave !
Le philosophe : (docte)
Le confinement a entraîné l’arrêt brutal du trafic de drogue. C’est toute une économie souterraine qui s’est effondrée. Et pour les personnes qui travaillent, et ce n’est pas là qu’il y a beaucoup de télétravail, les emplois se sont raréfiés. Économie informelle et économie réelle sont toutes les deux à l’arrêt. Jusqu’à quand ?
La résistante :
Jusqu’au 11 mai, peut-être ! Mais après, la reprise du travail se fera par les emplois les plus subalternes. Du genre qui se lève tôt et s’entasse dans le métro pour faire vivre des gens comme vous. Les habitants de la zone comme vous dites, vont donc remettre leurs enfants à l’école parce qu’ils n’auront pas le choix !
Le médecin et le philosophe:
Bon ! Vous êtes contre tout. Il faut bien faire quelque chose ! Vous étiez contre le confinement, maintenant vous êtes contre le dé-confinement !
La résistante :
C’est vraiment le bal des faux-culs.Le coronavirus frappe tout le monde mais ses conséquences ne sont pas les mêmes suivant qu’on est puissant ou misérable. Moi je rêve d’une insurrection des quartiers populaires ! *3
Le médecin :
C’est vrai qu’avec tous les voyous qui y règnent en maître, vous avez l’habitude des émeutes.
Le philosophe :
Mais calmez vous. Vous avez un peu raison tous les deux ! Vous n’allez quand même pas en venir aux mains.
La régie :
Lancez la publicité !

*1 https://www.ladepeche.fr/2020/04/20/fusees-cocktails-molotov-grosses-pierres-des-policiers-pris-au-piege-dimanche-soir-a-toulouse,8854450.php
*2 http://peccadille.net/2014/02/04/avant-le-periph-la-zone-et-les-fortifs/
*3 https://www.revolutionpermanente.fr

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Agnes: 
Zone, Philosophe,  Glu, Bal, Résistante, Médecin.
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Caillou le 3 mai 2020

Et le texte d’Annick

Bal Balbon est encore médecin
Mais plus pour plus longtemps
On vient de lui annoncer un cancer
Une véritable glu celui-là
Il ne l’a pas lâché depuis six mois
Rongé de l’intérieur qu’il est
des petits trous, un peu partout
des voiles aussi qu’ils disent
C’est drôle parce que signe du cancer
et ascendant cancer
Ca devait arriver
Son corps est devenu un territoire hors de contrôle,
Une menace diffuse
Une zone grise, résistante, un problème à combattre
mais il n’en a pas la force
Alors depuis qu’il sait Balbon philosophe,
Balbon soliloque, c’est normal parce qu’il vit seul
le vide s’est installé autour de lui,
trop caractériel lui a t on dit
trop ceci trop cela
SEUL.
Qu’est ce que ça change ?
Sa femme ne reviendra pas. Usée, fatiguée
De s’être ennuyé pendant vingt ans
Seul, terriblement seul
Heureusement, il travaille encore
Ses collègues ont déjà commencé
Trop de malades, trop d’urgence.
On l’attend.

Ainsi que le texte de Maryse:

Le repas improbable

Le bal battait son plein. Les couples se formaient sur la piste et alternaient tangos langoureux et rocks endiablés.
La zone avait été délimitée : une table, éloignée des flonflons près du bar. La table avait été mise avec soin, on avait sorti la porcelaine et l’argenterie, quelques bouquets d’anémones en ornaient le centre.
Le philosophe, la résistante et le médecin se tenaient debout à bonne distance.
Le problème était que : le philosophe refusait de se trouver à côté de la résistante “c’est une véritable glu” disait il. Le médecin en grand spécialiste des corps estimait incompatible de s’asseoir près du philosophe qui n’était pour lui qu’un agitateur d’idées. La résistante, elle, n’envisageait pas une minute de s’asseoir à côté du médecin par crainte d’un nouveau diagnostic qui s’avérerait une fois de plus hasardeux. Elle aurait volontiers posé ses fesses à côté du philosophe au charme certain (bien qu’il ne veuille pas d’elle) mais dans ce cas elle aurait été assise à côté du médecin.
Bon… Si vous avez la solution……

Les bienfaits de la colonisation

Yatagang (Wikipédia)

J’ai revu cette nuit dans un rêve un vieil oncle
Nostalgique pour toujours de l’Algérie française
Qui me parlait du sud, des dunes, du Sahara
Des sauvages bédouins groupés en fantasia
de ces bleds perdus où on le recevait
comme un roi et sa cour en offrant des méchouis
On lui avait donné le plus beau yatagang.

Il n’avait jamais vu la misère aux pieds nus
Les enfants illettrés les mouches et la famine
Les meilleures terres volées, les gourbis reculés
l’immigration vécue comme une humiliation

Après l’indépendance il était devenu
poinçonneur des Lilas
Il a vécu longtemps dans cette France-là
puis il a disparu
comme nous le ferons tous

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Claude: 
Yatagang, bled, fantasia, regroupement, nostalgie, méchoui.
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Caillou le 2 mai 2020

Et le texte de Maryse

Ici et là bas…

Moukhalas (Wikipédia)

Yatagan était rentré fourbu d’avoir porté et soulevé tant de pavés. Dix ans déjà qu’il était parti abandonnant femme et enfants au bled. Deux ou trois voyages en dix ans et à chaque retour la nostalgie. Ce soir elle envahissait tout son être car demain, là-bas, aurait lieu le grand regroupement annuel. Il n’avait pas faim, il mangea quelques restes de la veille, but un verre de raki et s’allongea sur son lit. Très vite il s’endormit et le rêve l’enveloppa.
“Allez Ali, dépêche toi, il faut y aller”.
 C’était la première fantasia de son fils, il était prêt.
 Ils arrivèrent sur le site. Des tentes blanches avaient été dressées sous lesquelles les équipes enfilaient leurs costumes. Ali rejoignit ses coéquipiers, Yatagan sur ses talons. Il aida son fils à enfiler sa djellaba blanche, noua le turban sur sa tête et vérifia le moindre détail. Puis, il les laissa entre eux et se dirigea vers l’enclos où Aga Khan, le cheval qu’il lui avait offert en économisant sou après sou, attendait son cavalier. Il avait été harnaché dans la tradition, portant les couleurs rouge et or du village. Il était magnifique.
Tour à tour, les équipes sortaient des tentes. Ali apparut, il était le plus jeune. Il ne regarda pas son père et se dirigea fièrement vers l’enclos. Il donna une tape sur l’encolure d’Aga Khan, vérifia que la selle était bien accrochée et d’un bond sauta sur son dos.
 Ils se tenaient tous alignés retenant fermement leurs montures piaffant d’impatience. L’équipe d’Ali était reconnaissable au turban bleu que portaient les cavaliers. Yatagan pria pour que tout se passa bien. Le départ fut donné, ils s’élancèrent faisant tournoyer leurs moukhalas pour enfin tous tirer à la même seconde la salve de la victoire.
La sonnerie du téléphone le réveilla. C’était Ali.
”Papa, papa j’ai réussi”
. “Je sais, je suis très fier de toi”
. Il avait du mal à digérer le méchoui qui avait clôturé les festivités, avala une tasse de thé bien chaud, enfila son bleu et partit sur le chantier.

Pour le 1er Mai 2020

Syndicat Solidaires (13) avec, je crois, une photo de Willi Ronis !

Jette un regard distrait sur la télévision.
Les bruits des gens qui parlent, qui envahissent l’espace, ruissellent pour ne rien dire.
Mais tu as peur aussi de cette épidémie.
Et pour te rassurer tu vas voir cette soupe quotidienne d’images, de vagues reflets du monde, de mensonges et d’angoisses, d’oppression, de douleurs.
Tu essaies bien un peu de trier dans le flux
Cela ne sert à rien.
Rideau !

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Claudine: 
Distrait, reflet, soupe, rideau, télé, ruisselle.
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Caillou le 1er Mai 2020

Et le texte de Maryse

Qui suis je ?
Le ruissellement de la gouttière avait formé une flaque au bas de l’appentis. Martin s’en approcha et de dit “aux beaux jours je la réparerai”. Tout à coup il vit son reflet dans la flaque. Comme il avait changé ! Cinq ans déjà que Prune l’avait quitté, il s’était un peu laisser aller et le confinement n’avait rien arrangé. Les boucles poivre et sel de ses cheveux en avaient profité pour s’ébattre les unes sur les autres, sa barbe blanche avait envahi ses joues creusées et flirtait avec sa moustache.
“C’est moi aujourd’hui” se dit il mais “qui étais je hier” ? Sans avoir trouvé la réponse il repartit vers la maison. Il enleva ses bottes et entra. L’odeur de la soupe mijotant sur le fourneau lui mit du baume au coeur. Il tira le rideau pour plus d’intimité, s’assit à la table, prit son journal et essaya de répondre à la question “qui suis je aujourd’hui”. Il griffonna quelques lignes, ratura. Ne trouvant pas les mots, il alluma la télé pour meubler sa solitude. Il avala un bol de soupe et distrait par la télé en oublia qui il était.

Ainsi que celui d’Annick

Elle a cassé la télé, le tube cathodique
explosé, des morceaux d’écrans un peu partout
elle en a marre. Si les signes s’aggravent
elle va demander à ne plus payer la redevance
Demain, c’est le 1er mai. Restez chez vous !
Ne pas sortir, juste mettre sa petite pancarte à la fenêtre.
Manger sa soupe sans rien dire
La pluie ruisselle ce matin.
Les coulures déforment son reflet dans la vitre.
Appeler Sabrina. Appeler Oliva
Appeler Cécile. Appeler Nicolas
Sortir, se prendre en photo
Ensemble, dehors
Deux femmes font des collages
Sur la façade de l’ancien théâtre de la Digue
« Je n’ai pas peur
J’ai seulement le vertige
Il me faut réduire la distance
entre l’ennemi et moi
L’affronter horizontalement » René Char

Mon mari

Mon mari ronfle ! Ronfler c’est une chose qui pourrait être supportable s’il ronflait régulièrement, mais non seulement il fait des bruits épouvantables, des borborygmes déchirants, des sons de basse à faire trembler les murs, mais en plus il a de longs silences suivis de terribles déchirures, lorsqu’il reprend enfin sa respiration.  Apnéique lui a dit le docteur ! Alfred est apnéique sans le savoir et moi j’essaie désespérément de fermer l’œil à côté de lui dans notre lit bombardé.

Mon mari est sodomite ! Faire l’amour de temps en temps pourquoi pas, je n’ai rien contre et même j’aimerais bien parfois qu’il me turlutte le coin jardin mais non, il va tout de suite à l’essentiel et pour lui l’essentiel, vous voyez ce que je veux dire ! C’est juste pour son plaisir à lui et tant pis si j’ai du mal à m’asseoir le lendemain. Je ne sais pas dire non, d’accord, mais j’en arrive à le préférer endormi, même apnéique !

Mon mari est anarchiste, enfin anarchiste de papier : il lit le Canard Enchaîné ! Une fois par semaine, son anarchie se manifeste bruyamment, comme tout ce qu’il fait, (Ronfler, m’enc…) en s’esclaffant dans son 8 pages. Il s’en prend au gouvernement mais il ne va pas aux réunions des locataires, ni à celles du syndicat, encore moins retrouver d’autres anarchistes, non, il est anarchiste à la maison, une fois par semaine et très bruyamment.

Mon mari n’aime pas les demi-teintes. Pour lui il n’y a que le blanc ou le noir, on est pour ou on est contre, c’est formidable ou dégueulasse. Il est comme ces hérétiques du moyen âge, les bogomites ou les cathares, qui ne voyaient rien entre le bien et le mal. En fait il est dualiste, et toujours en criant.

Mon mari est terroriste, surtout pour la vaisselle qu’il casse en voulant la ranger, surtout pour les repas de famille (du temps où nous en avions encore) ou il terrifiait les beaux-parents, les enfants et même la grand-mère en tapant du poing sur la table et en proférant des insanités !

Mon mari est toujours malade mais ne peut pas expliquer d’où il souffre. Tantôt du dos, tantôt du cœur, parfois la tête, parfois le foie. Un hypocondriaque erratique je vous le dis ! Il a épuisé des dizaines de docteurs et surtout des spécialistes.

Il m’a épuisé moi aussi.
Je n’en peux plus cette fois-ci je le quitte dès le 11 mai prochain je retourne chez ma sœur puisqu’elle habite à moins de 100 kms. Sur le pas de la porte je le traiterai d’anarchiste, de sodomite, de bogomite, de terroriste, d’erratique et d’apnéique. Il me regardera avec ses gros yeux ronds, mes deux valises à la main.
Et peut-être me demandera, comme dernière parole: où se trouve le dictionnaire ? 

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Alain: 
anarchiste, bogomite, sodomite, apnéique, terroriste, erratique.
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Caillou le 30 avril 2020

Et le texte de Maryse

De l’importance du suffixe

Deux amistes, non ! Amiques, non ! Amites .. A…m..is, ça y est ! Deux amis se rencontrent,
Le bogomite s’adressant au sodomite
“Qui êtes vous ?
“Je suis le sodomite et vous qui êtes vous?
“Eh bien, je suis le bogomite. En tout cas je ne vous avais pas reconnu.
Le sodomite : “Normal, je suis déguisé en terroriste” dit il en se grattant la barbe. Je ne vous avais pas reconnu non plus.
Le bogomite : “c’est dû à mon tempérament erratique, un jour en “iste”, un jour en “ite”, un autre en “ique”. Ce jour, je suis l’anarmite, Heu..non, l’anartite, excusez moi, ça y est l’anarchiste ! Ouf !
Le sodomite : moi c’est pareil. Tenez, hier je me suis baladé toute la journée avec mon masque, mon tuba et mes palmes, j’étais totalement apnéique
Le bogomite : “je dois vous quitter, j’ai un rendez vous”
Le sodomite :Ӎa tombe bien, moi aussi.
Où avaient ils rendez vous ?
chez leur analyste, bien sûr.

 

L’Aune

Une fourgonnette estampillée Université de Flermont est garée depuis ce matin sur la place du village. Je m’approche, curieux et je vois deux archéologues qui étudient le vieux mur derrière la halle. Ils examinent une longue barre de ferraille qui y est incrustée depuis le XVIemesiècle. L’un d’entre eux, le jeune homme, l’air encore un peu étudiant, replie son double décimètre et inscrit des chiffres sur son calepin tandis que sa collègue dégage un appareil photo de son étui.

Sur un pilier de la façade de l’église Notre-Dame de Montferrand, un étalon métallique servait aux marchands drapiers de mesure officielle de l’aune.

– 118,84 cm ! C’est cranté.
– Il n’y a pas des traces de couleur ?
– Oui, on ne le voit plus très bien, c’est décoloré par le temps, mais elle a été peinte de couleur taupe, entre gris et marron.
Elle prend quelques photographies de l’ancienne tige. Son collègue fait encore des mesures, dessine un schéma. Combien de mètres depuis les entrées nord et sud de la halle ?
Nous, cette barre de fer, dans le village, nous la connaissons bien. Elle fait partie de notre histoire mais plus personne ne sait qu’elle en est l’origine et la fonction. Nous l’appelons « le mat ».
L’archéologue se relève, range son matériel et me demande s’il y a un endroit où on peut manger dans les environs.
– Oui madame. Mais il ne reste plus que le fast-food en face du collège. Depuis que l’auberge et le café ont fermé après le célèbre confinement de 2020…
Mais elle ne m’écoute déjà plus. Ils repartent tous les deux en claquant les portes de leur camionnette.
Par curiosité, je vais jusqu’au collège, en fait situé juste derrière la place. A cette heure-ci il n’y a personne. Je commande une bière au jeune Henry. Les archéologues se sont installés à une table et attendent leurs commandes. C’est marrant. Quand ils travaillent ils sont en blouses et en bottes mais pour leur pause déjeuner, elle a pris le temps de se remaquiller avec un rouge à lèvres très prononcé et elle a chaussé des talons aiguilles qui ne lui correspondent pas du tout.
– Je peux m’asseoir avec vous ? Je suis un peu curieux vous savez…
– Si vous voulez. Vous êtes du village alors ? Ma collègue, c’est Hélène Durenmath et moi c’est Armand Forenthem. C’est vous qui étiez devant la halle tout à l’heure ?
– Oui. Je suis d’ici. Et je vous ai vu photographier ce vieux truc dans le mur. Je me demande ce que c’est.
Henry apporte les plateaux avec leurs assiettes de hamburgers accompagnés de verdure. Je leur laisse le temps d’attaquer leurs plats.
– Nous on l’appelle le mat. On sait que cela vient de l’ancien temps. Mais c’est quoi ?
Armand sort son calepin et m’explique que 118,84 cm cela fait pile 4 pieds, et que c’est « une aune ». Il en reste juste l’expression « être à l’aune » qui signifie « à la mesure de quelque chose » ou « prendre en considération ». Mais l’aune c’est une mesure qui permettait aux drapiers de calculer les tissus vendus dans les marchés qui se tenaient sous la halle.
– Et aux clients de bien vérifier qu’ils ne trichaient pas, précise Hélène.
– Et la couleur ? Pourquoi était-il peint ce mat ? Et pourquoi de couleur taupe ?
– Pour la blague. Entre eux les drapiers l’appelaient l’aune au mat taupé.

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Maryse: 
Hélène, hamburger, talons aiguilles,
rouge à lèvres, onomatopées, verdure.
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Caillou le 28 avril 2020

Et le texte de Maryse

La belle Hélène

Ça y est ! Cinquante jours qu’Hélène était confinée, seule. Elle avait éclusé tous les clubs de rencontres sur le net, eut quelques échanges….mais bof ! Pour l’amour le virtuel c’est pas le pied. Les fast food avaient réouvert et ses finances étant un peu en berne c’était bien venu.
Fini le survet, les charentaises, les bigoudis. Elle s’habilla d’une petite robe à bretelles, celle qui mettait ses formes en valeur, enfila ses talons aiguilles préférés, para sa bouche d’un magnifique rouge à lèvres, jeta un dernier coup d’oeil â la glace de l’entrée et sortit. Tout en se dandinant jusqu’au fast food, elle vérifia sa silhouette dans les vitrines et poussa un soupir de contentement. Elle entra et commanda son menu habituel : hamburger, glace et coca. Elle s’attabla, heureuse et commença à mordre dans son burger.
–  “Je peux” ? Demanda un homme, la quarantaine tout en s’installant en face d’elle.
–  Oui, oui dit elle serrant son burger entre les dents. C’était sans prévoir que, sous la pression la mayonnaise se répandrait sur son menton et gagnerait son décolleté sous le regard amusé du dit monsieur. Elle s’essuya rapidement. Mis de côté le reste de ce sandwich “anti drague”, se leva et alla commander quelques verdures. Quand elle revint, il était là, tranquille, trempant délicatement ses beignets de poulet dans la sauce barbecue. Elle assaisonna sa salade et sûre d’elle elle entreprit de la déguster. L’opération se passa bien, aucune éclaboussure ! Elle sentit son regard posé sur elle et lui sourit à pleine dents.
–  “Mademoiselle, vous avez une feuille de salade coincée sur les dents”.
–  Elle se leva, sortit, les larmes aux bord des yeux. Et merde ! Elle venait de coincer un de ses talons dans la grille d’un égout. Elle se lança alors dans une salve d’onomatopées Grr, Humpf, Grrap…. Et clopin clopant arriva chez elle.
–  Elle enfila un vieux legging, son tee shirt “love me” et alluma l’ordinateur. L’écran afficha “pour des raisons sanitaires le club est fermé pour une période indéterminée”.

Puis celui d’Annick

Hélène, Tanguy et LaVerdure étaient amis depuis l’enfance. Ils s’étaient rencontrés lors d’un concours d’onomatopées au CES de M….. où trônait un platane vieux de 300 ans.
Bien sûr, il n’était pas question de Hamburger à ce moment-là et encore moins d’hamburguesas comme disent les espagnols mais bien de chorizo et de paella cuite au feu de bois qui réunissaient la famille le dimanche.
Lorsqu’Hélène allait au bal, sur ses talons aiguilles, du rouge cerise aux lèvres, dans sa robe froufrouteuse Laverdura, comme disait la tante d’Hélène, sortait sa mobylette rutilante et vrombrissante.
Il faut dire qu’elle n’avait jamais réussi à prononcer correctement le français. D’ailleurs, un jour qu’elle avait accompagné sa sœur à l’école, elle n’avait pas du tout apprécié ce qu’avait dit la professeur et elle était rentrée en répétant tout le long du chemin
Qué conne, qué conne.
Tanguy avait été évincé très rapidement. Laverdura s’accrochait comme la sangsue sur son rocher.  Ses doigts, qui ressemblaient à des ventouses, tentaient vainement d’approcher Hélène. Mais la famille veillait .
Eclatante de soleil, Hélène se fichait des garçons. Allongée sur son lit, elle rêvait, d’océans, de lointains très lointains, de bateaux et de coquillages. Son imagination galopait. Le flux et le reflux des vagues, interminables et hypnotiques, chantaient à ses oreilles.
Partir, partir, tout laisser derrière elle et naître une seconde fois.

L’os à moelle

Elle aimait rousiguer. Ce n’est pas du français ? C’est pourtant bien ce qu’elle faisait et elle le faisait bien. Elle aimait s’acharner pour enlever les chairs, les moindres petits bouts de viande entre les os, que ce soient du poulet, des jarrets, de la queue.
Déjà qu’il y a un gouffre entre la réalité du monde et ce dont je me souviens, je n’y rajouterais pas un autre abime entre les mots, (français ou pas français, avec leurs orthographes), et ce qu’ils disent vraiment. Elle rousiguait, c’est tout.
Elle avait tout son temps et elle rousiguait. Nos parties de campagne avec de bonnes bouteilles et des fromages de chèvres étaient interminables. On avait des fous rires à la voir sérieuse, avec un cure dents – on dit un palillo – fureter dans les os à moelle tandis que le repas s’éternisait ainsi.
Elle était libre et ne se vantait pas mais d’être libertaire lui donnait l’envergure pour voler vers autrui. Elle était féministe mais au vrai sens du terme, pas une séparatiste, pas une identitaire, une femme et ses combats.
Et c’est au cinéma, du temps où nous allions très souvent dans les salles (c’est un regret parfois) que je la vois souvent, que je me l’imagine. Au milieu des copains et de toutes les frangines ? Elle riait forte et fière.
Elle rousiguait vous dis-je.
Et ce n’est pas français.

* Midi Libre : De l’occitan rosegar, le terme “rousiguer” signifie “ronger”, et concerne autant les animaux que les hommes. Rousiguer une viande consiste la plupart du temps à manger ce qu’il en reste sur l’os. Exemple : “Dans le poulet, je n’aime pas le blanc, je préfère la carcasse que je rousigue.”

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Jacques: 
libertaire, cinéma, bouteille, campagne, os à moelle, fromage de chèvre.
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Caillou le 28 avril 2020

Et le texte de Maryse

Nostalgie.
D’habitude, le jeudi vers 20h je me prépare à me payer “une toile” au cinéma d’art et d’essai de mon quartier.
Me voilà confinée, vautrée dans une chaise longue au milieu de mon salon. Je feuillette un vieil exemplaire de l’os à moelle.
Pour accompagner ma lecture j’ouvre une bouteille de Corbières. Entre deux gorgées, je ris en tombant sur une des fameuses petites annonces de Pierre Dac “apprenez l’équitation par correspondance. Pour le galop, se référer à la brochure concernant le trot mais en la lisant trois fois plus vite”.
Ça tombe à pic ! Le sport est vivement conseillé pendant cette période de confinement. Et c’est au trot que je m’avance vers la cuisine pour prendre les petits fromages de chèvre affinés par mémé dans sa campagne ariégeoise.
Je ne sais si c’est le vin ou la lecture de ce vieux journal, mais des bouffées de nostalgie m’envahissent et c’est au grand galop que je vais attraper dans ma bibliothèque “affiches contre…de 68 à nos jours” bouquin de l’imprimerie 34 édité par le groupe libertaire de l’Association pour l’art et l’expression libre.
Je me réveille quelques heures plus tard couchée sur l’os à moelle avec Affiches contre dans mes bras.

Je chante

Le gendarme était au rond point, assis dans la camionnette bleue.
Sur l’ordinateur, il vérifiait mes papiers d’identité que lui avait transmis sa collègue.
Je m’approchais doucement avec mon sac à dos et ma dégaine de vieux routard.
Je me marrais un peu, mais prudemment. On ne sait jamais avec ces gens là. Ils peuvent mal interpréter nos mimiques.
La jeune femme, en uniforme elle aussi, avait envie de rire et essayait de le cacher. Elle pouffait :
– Et vous marchez comme ça depuis longtemps ?
– Depuis ce matin.
– Mais c’est limité à une heure. Vous ne le saviez pas ?
– Non, mais comme je n’ai pas de montre…
– Et vous venez d’où ?
La route était totalement vide, pas une seule voiture en dehors de cette camionnette.
– Je vais de ferme en château
Et vous vouliez faire de l’auto-stop ?
– Oui, mais il n’y a personne.  Alors je chante sur mon chemin.
– Mais vous dormez où ?
– Je couche la nuit sur l’herbe des bois. Les elfes divinités de la nuit. Les elfes couchent dans mon lit.
J’ai sorti de mon sac des fraises trouvées dans les bois.
– Vous en voulez ?
– Non merci. Et vous n’avez ni gants ni masques ?
Alors là, elle m’interloquait.
– Non, pourquoi…
Mais nous avons été interrompu par son chef qui revenait.
– Monsieur, j’ai vérifié vos papiers. C’est de la folie ! Vous n’existez pas. Vous êtes un personnage imaginaire.
Et là il s’est mis à me mimer. Il faisait semblant de chanter tout en marchant de part et d’autre. Comme il était gros et maladroit nous avons éclaté de rire avec la gendarmette.
– Et bien oui, je chante, je chante soir et matin. Ce n’est pas interdit.
– Non, mais vous n’avez pas l’attestation dérogatoire de déplacement ! Vos papiers sont étranges, on ne sait pas d’où vous venez et où vous allez. C’est vous le chanteur, le vagabond. On va vous enfermer. Oui votre compte est bon

Et nous voilà partis, dans la camionnette, pour la ville et le poste de police.
Dans la cellule le compagnon, un laquais chinois, qui y moisissait depuis plusieurs jours, était bègue. Je lui ai demandé s’il avait quelque chose à manger car la faim qui me poursuit tourmente mon appétit. Peut-être un plat de riz ?
Mais il a haussé les épaules et m’a juste répondu
– Tu tu tu e es es là pourrr quoi ? Toi ?
Et j’ai compris qu’il n’y aurait qu’une ficelle qui pourrait me redonner la liberté.
Et j’ai chanté :
– Ficelle soit donc bénie
Car grâce à toi j’ai rendu l’esprit
Je m’suis pendu cette nuit.

(Hommage à Charles Trenet et à sa chanson : Je chante)

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Bernard:
Imaginaire, folie, rire, tutu, mime (le personnage), gendarme
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Caillou le 27 avril 2020

Et le texte de Maryse

Transgression,
Lulu, le mime se préparait. Il savait que c’était une folie. Depuis quelques temps dans le pays le régime s’était durci et la liberté n’était plus qu’un mot encore gravé sur les frontispices des édifices publics. Toute la nuit il avait lutté contre son imaginaire, en vain.
Il devait le faire.
Il était là, derrière un grand drap blanc, les éclairages prêts à renvoyer les ombres de ses évolutions.
Il enfila son tutu rose. Personne encore dans la salle. Il savait pourtant que le dernier décret mentionnait “un homme est un homme, une femme est une femme, à chacun et chacune donc d’en porter le costume”. Il ajusta ses collants scintillants, noua les lanières de ses chaussons sur ses mollets. Plus que 10 minutes. Les bruits de la salle commençaient à lui parvenir. Il se concentra. Les lumières de la salle s’éteignirent et le grand drap blanc s’éclaira. La petite sonate qu’il avait choisie se fit entendre et il entama un pas de deux. Plus il s’élançait dans son espace, plus la joie l’envahissait. Il enchaînait les arabesques, les pirouettes comme jamais. Il exultait ! Des rires fusaient dans la salle et les larmes inondaient son visage. Ils n’avaient rien compris !
Un coup de sifflet, triiit,triiit….. Le gendarme fit taire la salle, déchira le drap blanc. Lulu n’opposa aucune résistance et se laissa menotter. Il l’avait fait !

Malek Bensmaïl met gratuitement en ligne 10 de ses films

M. KALI

Malek Bensmaïl, le plus prolifique documentariste algérien, auteur de documentaires de création primés en de nombreux festivals, a mis en ligne dix de ses longs métrages.
Ils sont visibles jusqu’à fin avril gratuitement pour le grand bonheur des cinéphiles comme pour les moins accros de façon que leur confinement soit cinématographique dans un pays où le 7e art a été éradiqué.
Pour accéder à ces œuvres, il suffit de s’inscrire sur vimeo avec son adresse e-mail ou son compte Facebook, puis cliquer sur Regarder ou mdp promotionnel : confinement.
Les films sont dans les deux versions en sous titrage français et anglais. Il s’agit de :
La Chine est encore loin (2010-120’) https://vimeo.com/r/2z4q/ek16OG1pZ2,
Aliénations (2003-1h45’) https://vimeo.com/r/2z4A/ek16OG1pZ2,
Le Grand Jeu (2004-90’), https://vimeo.com/r/2z4G/ek16OG1pZ2,
Contre-Pouvoirs (2015-97’) https://vimeo.com/r/2z4M/ek16OG1pZ2,
Algérie(s) – Partie 1 (2002-2×80’) https://vimeo.com/r/2z4C/ek16OG1pZ2,
Algérie(s) – Partie 2 https://vimeo.com/r/2z4B/ek16OG1pZ2,
Boudiaf, un espoir assassiné (1999-60’) https://vimeo.com/r/2z4u/ek16OG1pZ2,
DéciBled (1998-55’) https://vimeo.com/r/2z4v/ek16OG1pZ2,
Des vacances malgré tout…(2000-70’’) https://vimeo.com/r/2z4x/ek16OG1pZ2,
DêmoKratia (court-métrage fiction-19’), https://vimeo.com/r/2z4I/ek16OG1pZ2,
Territoire(s) (1996-28’) https://vimeo.com/r/2z4K/ek16OG1pZ2

Merci !  C’est super. Nous allons regarder tout ça.
Caillou, pour Coup de Soleil Midi-Pyrénées

Dans mon lit

Le moral dans les chaussettes
La moustache cachée sous la couette
Je n’ai pas rêvé : je m’ennuie !
Pas de jardin, pas de semis.
Si je me lève et quitte ce bagne
Ce sera pour boire du champagne
Sinon, tant pis.

Ce texte est écrit avec une contrainte de 6 mots, donnés par Maryse:
Chaussettes, semis, ennui, rêve, couette et champagne.
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Caillou le 26 avril 2020

Et un texte de Maryse:

Olympe.
Elle s’était traînée d’ennui toute la journée. Les godets alignés sur le balcon attendaient les semis qu’elle avait projeté de faire. Elle songeait à tous ces projets avortés, lovée sous sa couette, le moral dans les chaussettes.
Elle éteignit la lampe ferma les yeux et pria Morphée de l’emmener au pays des rêves. Son souhait fut entendu. Soudain un bruit de bouchon qui saute, elle se réveille et se souvient qu’elle était au sommet de l’Olympe contemplant le monde, un verre de champagne à la main.