Alger. 10 avril 2012.

Nous prenons donc le métro, le tout nouveau métro d’Alger et descendons à la station Khelifa Boukhalfa. C’est le bout de la ligne, mais c’est un terminus provisoire car ce métro, inauguré en octobre 2011, devrait se continuer jusqu’à la Place des Martyrs. Dès que je sors du métro je reconnais la grande poste d’Alger, toute blanche.

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Devant nous c’est l’avenue qui monte vers le palais du gouvernement, donc le lieu de toutes les grandes manifestations de l’Algérie Française, et en particulier de celle de la journée des tomates. Au dessus, à gauche, le palais du gouvernement où de Gaulle a dit le fameux «je vous ai compris». J’essaierai plus tard d’y accéder mais tout est bouclé. Il y a des policiers partout, sur tous les accès. C’est un moyen simple d’éviter des manifestations hostiles sous les balcons des gouvernants.

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La grande poste, je revois cette photo de Madeleine, prise en 1946 ou 47, avec cette coupe de cheveux très particulière. Et puis, en regardant bien, cette photo n’a peut-être pas été prise devant la grande poste d’Alger…

rue d'isly

Nous remontons la rue Larbi Ben M’Hidi, donc l’ex rue d’Isly, le lieu de cette terrible fusillade du 26 mars 1962, et arrivons sur la place Abd El Kader. Sur le côté de la place il y a encore un lieu célèbre c’est le Milk-bar, lieu de l’attentat du 30 septembre 1956. À ce sujet un livre vient de paraître : Lettre à Zohra D. de Danielle Michel-Chich aux Éditions Flammarion,
(http://blogs.mediapart.fr/blog/berjac/080312/lettre-zohra-d)
mais je ne l’ai pas lu, donc je n’en parlerai pas. Je sais aussi que l’on peut voir Zohra Drif, qui a posé la bombe du Milk-Bar, répondre à Danielle Michel-Chich lors d’un colloque à Marseille. C’est sur « YouTub… » (avec des commentaires haineux et des injures anti-sémites en dessous, donc je ne donne pas le lien !)

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Nous continuons par la rue Ben M’Hidi puis par la rue Patrice Lumumba. On passe devant le marché de la Lyre. Les beaux immeubles ravalés du quartier de la Grande Poste ont ici laissé la place à une architecture de la misère. Ce sont bien les mêmes édifices haussmanniens mais dans de bien tristes états. Des plantes s’accrochent aux façades sales aux crépis cloqués. Tout le quartier sent la misère et plus nous nous approchons de la Casbah plus cette misère surpeuplée devient énorme. Nous descendons par des rues commerçantes., par la rue Bouzrina, qui devait s’appeler rue de la Lyre.

Sous les galeries, devant les magasins, des centaines d’échoppes ont envahi le trottoir et la plus grande partie de la chaussé. On y vend tout un tas de babioles et de tissus, de vêtements, d’électroménager, de jouets… Et beaucoup de ces vendeurs sont les intégristes barbus et à calottes qui nous regardent passer d’un regard torve et en particulier la blonde Aquilina. Elle me rappelle qu’avec les lois d’amnistie beaucoup de ces anciens maquisards de la décennie terroriste se sont ensuite reconvertis dans le petit commerce… les mains pleines de sang.

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Nous arrivons devant l’ancienne synagogue, (lire le commentaire en dessous) transformée en mosquée.  La foule est immense, énorme, et elle va dans tous les sens, ce qui ralentit d’autant la circulation des passants. Bientôt nous nous retrouvons à la place des martyrs, cette place où vivait mon arrière grand’mère, la place du gouvernement, et que les français appelaient place du cheval, à cause de la statue équestre qui trônait au milieu.

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Je suis très ému en cherchant ses fenêtres, d’autant que je n’ai jamais compris où se trouvait exactement son appartement. Sur les photos de la place faites par mon père, je remarque bien qu’elles devaient être en décrochement de la galerie, mais où ?Circulation

Jour de Marché 2
Jour de marché petit

Quelques jours plus tard, revenant sur les lieux, j’oserais poser la question à des vendeurs du n°1 de la rue que je pensais être la bonne et ils m’indiquent, avec cette curiosité et cette gentillesse formidable que je suis au n°1 de la vue Vialar et non à celui de la rue Sainte.

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La rue Sainte

Voilà, c’est la première étape. J’ai retrouvé la maison de la mamie Wattebled.

Je fais une pause. La suite demain.

Caillou, le 24 avril 2012

5 réflexions au sujet de « Alger. 10 avril 2012. »

  1. Ouaouh Caillou quel voyage tu as fait là ! cela mérite bien quelques commentaires … ce n’est qu’un début ( je le sens) de quelque chose , mais en même temps une continuité …
    Moi, je suis à l’autre bout du monde en ce moment , dans le middle-west chez les yankees et je te lis , c’est énorme : vive internet !
    je voulais te signaler que les algérois disent aussi place des chevaux (en arabe).
    vivement la suite !!!!
    See you soon .
    Sabah

  2. Bonsoir
    Je me permets d’apporter une petite correction à votre superbe récit de voyage sur la terre de mes ancêtres. Vous légendez plus haut une photo qui montre un bâtiment en réfection. En fait, il ne s’agit pas d’une ancienne synagogue, mais de l’ancienne cathédrale Saint-Philippe devenue mosquée après l’indépendance. Sinon, encore bravo pour votre travail ! Amicalement. Michaël

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