Archives de catégorie : Poésie

La multinationale.

Un pastiche de l’Internationale…
chant révolutionnaire d’Eugène Pottier et de Pierre Degeyter

La multinationale

Debout, nous sommes les actionnaires
Debout, c’est nous qui engraissons
La bourse qui tonne en sa soupière
Sainte église ! Notre religion
Du travail faisons table rase
Seul l’argent est signe du bonheur
Maintenir le sud en esclavage
Tenir le nord en consommateurs.

  • Refrain :
    C’est un monde idéal
    Sans frontières et sans loi
    La multinationale
    A remplacé les rois
    C’est un monde idéal
    Sans frontières et sans loi
    La multinationale
    A remplacé les rois

Nous pillons toutes les richesses
Nos brevets volent le vivant
Sous l’soleil la terre devient détresse
Mais nous aurons nos taux de rendement
Peu importe si les gens veulent croire
Qu’ils sont en démocratie
Quand nos banquiers ont le pouvoir
L’état leur sert d’alibi

  • Refrain

Et quand un pays a la rage
Nos agences de notation
Le ruinent, l’enferment dans une cage
Et cela fait peur aux couillons
Tant que nous grossirons encore
L’empire sera notre futur
Après nous ce sera la mort
De cette planète sépulture

Caillou, 5 février 2011
(Avec les 6 mots de Gaby, merci pour elle!)

Juste un instant entre l’café et l’addition

Chartier 3

C’est juste le moment de la fin du repas
quand il fait froid dehors
que je ne connais pas le reste du programme.
Qu’allons nous faire après ?

Chartier1

Un moment de répit dans une course folle.
Qu’on savoure en silence
début de somnolence
avant de se lever.

Chartier 2

Autour de nous les gens vont partir au travail
ne parlent que de ça, ne goûtent pas les plats
Ils ont mangé très vite, attendent l’addition
nous irons rêvasser dans les expositions.

Chartier 5

C’est un instant si beau
un peu court mais très fort, où je me perds un peu
puis je me me ressaisis
avant de repartir.

Chartier 4

Il n’est pas de sauveur suprême
même si, des fois, je voudrais bien!
Mais il ne reste que la haine
pour tous ces chiens qui nous gouvernent…

Caillou, 1er décembre 2010

Bouillon ChartierCe restaurant, le Bouillon Chartier, au début de la rue du Faubourg Monmartre, à Paris, est incontournable. Par son menu, peut-être, mais surtout par son cadre.
C’est une plongée dans l’Histoire.
À midi il faut y être de bonne heure et avoir de la patience…

Pressé comme un centre d’appel

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Pressé comme un citron contre la vis en verre
Pressé comme un lavement, comme un poisson ouvert
Pressé comme l’usager des transports en commun
Pressé comme un enfant qui ne comprend plus rien

Tu te sens ce matin la bouche pleine d’aphtes
Et couvert d’eczéma de peur que l’on te cafte
Car t’as pris un peu d’temps juste entre deux appels
Juste le temps d’un regard vers le ciel qui t’appelle

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons.

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Pressé par des délais devenus autoritaires
Pressé par les contrôles des chefs qui s’exaspèrent
Pressé par l’écouteur vissé dans les oreilles
Le micro sur les lèvres, tu cries dans l’appareil

L’écran devant tes yeux montre le temps qui fuit
Tu dois finir ta phrase dans 2 secondes et demie
Mais ce connard te coupe. Le v’la qui t’injurie
Et tu le prends pour toi. C’est toi qui le pourris

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Pressé d’en terminer tu refais un effort
Le bruit du téléphone traverse tout ton corps
Et tu l’entends crier dans une chambre vide
Pourras-tu dire pas cœur ce discours si limpide ?

La fenêtre est ouverte dehors il fait si beau
Encore une fois rentrer dans le petit studio
Où personne ne t’attend, où personne ne t’aime
Puis revenir demain s’accrocher à la chaîne

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Et c’est encore une fois un client qui raccroche
Le cadre est là debout et les poings dans les poches
On t’as bien dit “sourire”! Tu est bouché ou quoi ?
On fait pas l’objectif et c’est à cause de toi !

Tu avais un métier du temps des télécoms
Tu n’est plus qu’un emploi que l’on peut mépriser
Ton savoir est parti dans les boîtes privés
Et toi tu te sens bête, juste avant qu’on te gomme

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

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Non ce n’est plus possible, y’a plus de solution
Tu t’approches du vide, c’est au cinquième étage
tu te jettes et tu meurs ! Mais tu sors de la cage
Et pour les grands patrons il n’y a pas de sanction

Le temps se rétrécit et ton sang est très rouge
L’argent devient le maître absolu de nos vies
L’entreprise qui t’étrangle et t’arrache ta vie
Disparaîtra bientôt ! C’est le monde qui bouge

Mais la boite est vendue à quelques fonds d’pensions
Elle est maintenant gérée par les Américains
L’Europe l’a voulue, on vole les citoyens
La mise en concurrence est un leurre pour les cons!

Caillou, 17 décembre 2009

Le rire gras des incendiaires

Eric Besson a annoncé, hier, la création d’un groupe de travail sur les «mariages gris». Une nouvelle expression créée pour l’occasion par le ministre de l’Immigration. Elle qualifie l’union d’un(e) Français(e) avec une personne étrangère qui l’aurait manipulé dans le simple but d’obtenir la nationalité française.

Le rire gras des incendiaires
et les sourires des commentaires
les appels fiévreux du matin
les voix qui viennent et s’entrechoquent
sur les visages et les portes
les bras levés des enfants juifs
les ombres portées sur les notes
les géants blancs, le noir des bottes :
l’élégance d’un entrefilet

C’est un cauchemar? C’est le silence
lorsque le réveil se dérobe
et que l’insomnie nous dépose.
Il n’y a plus rien! La résurgence
Le ” pas possible!”
d’un retour à la case départ
au rire gras des incendiaires

Ne plus pouvoir fermer les yeux
ne plus savoir comment l’on peut
échapper au phrases des uns
et aux silences des autres enfouis
Les friches sont irrémédiables
Il y a trop de bruit dans la rue.

Caillou, 1984 (Pour rappel, 1984, c’est l’année de l’apparition du FN.)

Juste un moment subtil

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Quand elle chante près de moi et qu’elle est fatiguée
sa voix déraille un peu. Elle est juste pourtant.
Elle est chaude et humaine et précise à la fois.
Quand je l’entends chanter, j’ai envie de pleurer.

Bien plus aigue que moi, elle n’a pas de puissance
mais elle dit beaucoup plus que les mots ne peuvent dire.
Elle dit toutes les comptines murmurées à l’oreille
Elle dit l’histoire lue quand les yeux se referment

Il faut être tout prêt pour pouvoir l’entendre
Prêt à sentir en soi l’enfant qu’on est encore
Ou peut être l’amant à la petite mort

Ce n’est ni mon amante ni ma mère ni ma femme
C’est une amie qui chante dans tout ce brouhaha
Dont parfois j’entrevois le secret de la voix.

Caillou, le 22/11/2009

D’où vient ce son étrange et fort

D’où vient ce son étrange et fort
D’où vient ce son, encore, encore

D’où vient ce son étrange et fort
D’où vient ce son, encore, encore
Je l’entends rouler  sur la plaine
Où les armées sont rassemblées
Rien n’étouffera les cris de haine
De ceux qui ne veulent plus rêver.
D’où vient ce son étrange et fort
D’où vient ce son, encore, encore

Il ne faut pas changer de mesure
Il ne faut monter ni descendre
Rester la tête sous la cendre
Il faut rester là dans l’allure
Et même si cela nous chante
Ne pas céder aux tentations
et camper sur nos positions
Il ne faut monter ni descendre

D’où vient ce son étrange et pur
D’où vient ce son étrange et fort
D’où vient ce son qui crève les murs
Est-ce la colère qui nous mord
On ajoutera des musiques
des sons de basse électronique
peut-être même des grelots
ou des filles qui viendront là-haut

Quand les salariés se suicident
pour échapper à la terreur
Quand ils se jettent dans le vide
se frappent au couteau dans le cœur
se droguent, se saoulent, et deviennent dingues
Sur le silence des décideurs
On veut ce son étrange et fort
On veut crier, encore, encore.

Quand les sociétés anonymes
ayant mangé les subventions
Déménagent toutes les usines
et prennent l’ouvrier pour un con
Alors pour les acteurs du monde
Qui se retrouvent sur le tas
On veut ce son étrange et fort
On veut crier, encore, encore.

J’étais sur la route 66
dans ma Chevrolet vert et bleu
roulant au bord du précipice
je suis arrivé à l’an deux
j’avais laissé les cris de haine
tous les morceaux de la colère
là-bas au loin le vent se lève
je suis arrivé à l’an deux

L’an deux de la révolution
Quand on a détruit le vieux monde
Rien ne s’oppose aux créations
Des futurs riants du bonheur
L’an deux de la révolution
Comme c’est le seul avenir possible
Avec ce son étrange et fort
Nous chanterons, encore, encore.

Mais on ne changera pas de mesure
on ne s’arrêtera pas aux murs
on restera là dans le pur

1er Mai

garonne1

Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer

garonne2

la-mort

Caillou, 2 mai 2009

Extrait d’une chanson de “La teigne”:
Un reggae gai

Dans les rues
j’ai croisé, j’ai croisé
le regard des exclus
que tout l’monde ignorait
Dans les rues
j’ai crié, j’ai crié
que l’on en pouvait plus
qu’il fallait tout changer
Dans les rues
j’ai cherché, j’ai cherché
les puissants, les dodus
qui nous font tous suer
Dans les rues
j’ai marché, j’ai marché
pour faire monter la crue
qui allait les noyer
Dans les rues
nous étions des milliers,
décidés, convaincus
à ne plus reculer
Dans les rues
j’ai chanté, j’ai chanté,
quand on a enfin vu
leur État s’effondrer
Dans les rues
j’ai dansé, j’ai dansé
sur les pavés des rues
l’avenir était gai !