Archives de catégorie : Poésie

Fais moi un signe

C’était sur les boulevards, le jour de la colère
Ils marchaient tous les deux, se tenant par la main
et c’était un drapeau qui passait. Le hasard ?
Je ne peux pas le croire…
rouge-et-noir1

enfants1

Les enfants regardaient la foule. Il faisait beau
Et le roi qui dansait au-dessus de nos têtes
s’imaginait encore que nous faisions la fête
alors que nous allions le faire tomber… bientôt!

marionette

Manifestation du 19 mars à Toulouse

Caillou, 27 mars 2009

Le gros côlon!

le-pouvoir

Ah que j’aime le pouvoir!
Ce courtisan courbé à ma moindre merci
Mes chaussures bien cirées par d’aimables soubrettes
Ce fauteuil, ces rideaux, ce salon d’apparat…
Ah que j’aime ce doigt
Que je tends comme un sceptre désignant mon vouloir
de Secrétaire d’État.

Pendant que les banquiers s’amusent
que les patrons décident où placer leurs usines
et qu’ils se fixent à tous de bons émoluments…
Pendant que le pouvoir est d’ordre économique
je rêve encore un peu dans l’illusion comique
d’être un peu Louis XIV dans une République…

Bientôt tout va partir, j’entends les craquements
les bourses qui s’effondrent et les gouvernements
de cette Europe Unie qui tirent, chacun pour soi
prenant l’argent de tous pour en sauver certains.
Si je suis un pantin, pour quelques temps encore,
laissez moi l’illusion: je suis le gros côlon
Le Secrétaire d’État…

Caillou, le 18/10/2008
Photo parue dans le monde daté du 16 octobre 2008 “Le secrétaire d’État aux affaires européennes”
de F. Elsner/ Kr Images Presse

Le vaurais ou pays de cocagne

pigeonnier2

C’est dans le calme d’un jardin
sur les coteaux, près de Lavaur*
et dans la fraîcheur d’un matin,
que m’a parlé le pigeonnier.

Il est comme le gardien du lieu
et sur le flanc de la colline
bien plus vieux que la maison même
il est l’éperon qui domine.

Si tous les oiseaux l’ont quitté
partis vers d’autres paysages
il reste là, comme déserté
peut-être comme un témoignage.

En dessous c’est un potager
tout en pente qu’un chemin parcoure
avant les grandes chaleurs du jour
quand les fleurs aiment la rosée.

Et sur le côté un grand arbre
un Paulownia, quel nom bizarre !
donne de l’ombre à cette tour
de brique, de tuiles… Et de passé.

Caillou, le 7 août 2008

*le Vaurais

Derrière les murs des prisons

cerclecapitole

Derrière les murs des prisons
Mon pays retient des enfants
Leurs noms sont durs à prononcer
Ce sont les enfants étrangers

Sur les feuilles des ordinateurs
Mon pays construit des fichiers*
Il veut pouvoir tout contrôler
Comme s’il pouvait retenir l’heure.

Cherchant partout, tapette à mouche
Mon pays massacre les fleurs
Cognant les chaises, la cheminée
dessus, dessous, comme un damné.

Dehors, en cercles de silence
La rose et le réséda*
S’unissent et disent qu’ils ne prennent pas
Le chemin de ce pays la !

Caillou, 4 août 2008
* Edvige
http://souriez.info/EDVIGE-un-fichier-totalement-hors-la-loi

* Aragon : « la rose et le réséda » sur l’unité entre Catholiques et Communistes dans la Résistance française.

À ce moment précis où tu t’en vas déjà

Oh Toni quand on voit
La route derrière toi
on se dit qu’elle est courte
et d’autant que parfois
on l’a faite avec toi.

Qu’est-ce qu’on va faire maintenant
tu n’es plus dans les rangs
bras dessus, bras dessous
comme quand, du même pas
nous refaisions le monde ?

Il s’est bien fait sans nous
et n’est pas beau à voir
mais tu pars et nous laisses
chercher dans nos mémoires
les années sont passées.

Devant la route est longue
si c’est chacun pour soi
et comme ce sera sans toi
j’ai bien peur qu’elle ne monte
ou qu’elle ne disparaisse.

À ce moment précis
où tu t’en vas déjà
c’est une partie de moi
qui s’en va avec toi
une part de jeunesse
une part d’utopie
de confiance en l’avenir
de refus, de colères,
de mépris, de fierté.
Nous étions des milliers.

À ce moment précis
où tu t’en vas déjà
je te serre dans mes bras
Salut mon camarade
(Oh ! pardon, compagnon !)
“Continuons le combat!”

Caillou 23 juin 2008

Etre et avoir été

C’est une pince à épiler
sur un muret dans un jardin
elle ne sert plus que pour le chien.

Elle a été jeune et brillante
mais sous la pluie elle s’est rouillée
c’est juste un objet oublié.

Chaque chose à une vie, une mort
un temps avant d’être un souvenir
qui s’évanouit dans un soupir.

Caillou, 4 mai 2008.

Le dernier poilu

Salut .
Je lis régulièrement ton blog et j’apprécie.
Tu es un digne fils de ta mère. (…bientôt 35 ans !)
Je te soumets ci-après un poème qui à mon sens pourrait être lu devant le monument aux morts de toutes les communes de France pour l’hommage rendu au dernier poilu et à tous ses camarades morts pour la France :

Qui sait si l’Inconnu qui dort sous l’Arche immense
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N’est pas cet étranger devenu Fils de France
Non par le sang reçu, mais par le sang versé

Pascal Bonatti

Il me semble que ce poème est particulièrement approprié alors que le dernier poilu qui vient de mourir était d’origine italienne et que l’auteur du poème pourrait bien aussi être Italien. J’ai suggéré au parti socialiste que ce poème pourrait être dit aux Invalides lors de la commémoration; mais j’ai été reçue poliment sans plus !

Je t’embrasse
Denise