Archives de catégorie : Disparaître en Indochine

Un roman

Disparaître en Indochine – 17

Chapitre 17

Je suis cinéaste. Mais une cinéaste qui ne fait pas des films pour rire. J’ai appris depuis très longtemps que la caméra est une arme et que les révolutionnaires du monde entier doivent savoir s’en servir, au même titre qu’ils apprennent à se servir d’une Kalachnikov ou d’un fusil d’assaut M16.  Mon cinéma n’est pas le mien ! C’est celui des gens que je filme! Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 17

Disparaître en Indochine – 16

Chapitre 16

Après quelques jours, une fois rentré chez lui, Thierry reçut une lettre du notaire, maître Viannet, lui annonçant la bonne réception d’un courrier de M. Wang Kien Feng, confirmant, devant un agent assermenté, les termes de sa première lettre. Puisqu’il s’agissait donc d’une reconnaissance officielle sur cette rencontre du 23 novembre 1946, le notaire  était obligé d’ouvrir une « recherche de descendance » d’Adrien Lecourt, ce qui retarderait considérablement le règlement de la succession. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 16

Disparaître en Indochine – 14

Chapitre 14

À Lyon Thierry dùt attendre un peu dans le couloir pour pouvoir descendre du train.
Le quai, étroit, venteux et long, était envahi par les voyageurs et il mit beaucoup de temps pour atteindre l’escalator qui permettait d’atteindre l’immense sous-sol de la gare. Mais, lorsqu’il arriva il remarqua tout de suite la silhouette de Blanchard qui l’attendait en bas, juste au débouché du trottoir roulant. L’ex-commissaire le regardait, droit dans les yeux. Il y avait encore quelques mètres et Thierry levait la main pour lui faire signe lorsqu’il remarqua, très étonné, le petit mouvement de dénégation que lui faisait le vieux flic. C’était imperceptible. Mais le jeune homme comprit qu’il ne fallait pas le saluer. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 14

Disparaître en Indochine – 13

Chapitre 13

Le vendredi soir, quand Thierry sortit du cinéma d’art et d’essai de la place Castellane, où il venait de revoir Le troisième homme de Carol Reed, il ne remarqua pas le petit bonhomme en parka sombre qui le suivit jusqu’à son hôtel. Dans la nuit il rentra directement. Il y avait peu de monde sur les trottoirs du centre ville de Marseille, c’était un soir de match, il faisait un peu froid. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 13

Disparaître en Indochine – 11

Chapitre 11

Augustin Chavez se taisait, il avait allumé sa cigarette, les yeux dans le vague, face à la mer. Au loin, un grand bateau disparaissait dans la lumière rouge du couchant.
– Écoutez-moi bien jeune homme. Moi je vous comprends, vous cherchez votre oncle disparu, je veux bien répondre à toutes vos questions, mais il y a quand même un problème. Bien que tout ce que je vous raconte soit de l’histoire ancienne, vous remarquerez que je ne vous ai donné aucun nom. Oui il y a prescription, mais il vous faut bien comprendre que d’une certaine façon nous trahissions. Nous aidions l’ennemi. La France c’est mon pays d’adoption, elle n’a pas vraiment voulu de moi, je m’y suis réfugié sans avoir pour elle la moindre amitié. Nous avions même du mépris pour ce pays, ce pays des droits de l’homme, qui nous avait abandonnés en 1936, mais la France est devenue mon pays, quand même. Nous soutenions un idéal de libération des peuples colonisés, mais aux yeux de la police nous étions des traîtres. Nous étions passibles de la cour de sûreté de l’État. Quand je vois tout ce qu’ils ont essayé de faire à cet universitaire parisien qui, dans sa jeunesse, avait été dans les maquis vietnamiens, je me dis que les plaies, dans l’armée française, ne sont toujours pas refermées. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 11

Disparaître en Indochine – 10°

Chapitre 10

– Monsieur Chavez ?
Le jeune homme qui venait d’ouvrir la porte en ferraille de l’atelier lui répondit, après un temps d’hésitation :
– Oui, mais lequel.
Thierry lui tendit la main et lui sourit.
– Bonjour. Je voudrais parler à Augustin Chavez.
Le jeune en bleu de travail maculé de graisse ouvrit largement le battant de la porte du hangar et la poussa dans la rainure. Cela fit un bruit aigre de métal vibrant puis elle alla cogner sur l’autre portant. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 10°

Disparaître en Indochine – 9

Chapitre 9

Il attendit une heure raisonnable en se promenant sur les quais de la Seine. Une belle fin d’après-midi sur Paris. Les deux tours de Notre Dame se réfléchissaient dans ce bras étroit du fleuve coincé entre le quartier latin et l’île de la cité. La circulation ininterrompue des voitures faisait un tel vacarme qu’il se dit qu’il lui valait mieux trouver une cabine téléphonique dans un endroit plus calme. Il remonta le boulevard Saint-Michel et, finalement, se résolut à revenir à son hôtel de la rue Monsieur le Prince. Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 9

Disparaître en Indochine – 8

Chapitre 8

Le lendemain matin dans un petit hôtel de la rue Monsieur le Prince, Thierry tartinait d’une excellente confiture de mûres une fine tranche de baguette parisienne craquante et dorée. Le café était délicieux. La journée s’annonçait belle et tout en prenant cet excellent petit déjeuner il réfléchissait  à ce qu’il pouvait bien faire maintenant. Comment sauver son héritage ? M. Wang ne s’était pas trompé en reconnaissant Adrien sur la photo de 1939 ! Son oncle était à Haiphong en 46 ! Qu’était-il devenu ? Il n’y avait plus qu’une toute petite piste, celle de ce commissaire qui, en 1948, recherchait peut-être Adrien sous un autre nom, sous une autre identité, celle d’un certain Jérôme. Que lui voulait-il ? Marché noir ? Banditisme ? Continuer la lecture de Disparaître en Indochine – 8